"The Last Family" : il était une fois Zdzisław Beksiński

de Jan P. Matuszynski (Pol., 2h03) avec Andrzej Seweryn, Dawid Ogrodnik, Andrzej Chyra…

Principalement connu des amateurs d’art et de faits divers, Zdzisław Beksiński (1929, assassiné en 2005) est un peintre polonais dont la singulière existence, au moins aussi atypique que ses toiles (classées "surréalistes"), méritait a minima un coup de projecteur. Créant de l’étrangeté par son hypernaturalisme, ce biopic propose une approche astucieuse des trente dernières années de ce plasticien vivant quasi reclus avec sa famille (comptant un fils bancal et suicidaire), en faisant se succéder de longues séquences empruntées à leur quotidien.

L’acte créatif ne figure pas au centre du propos du réalisateur polonais Jan P. Matuszynski : c’est bien la vie privée, ce ferment de l’imaginaire, qui l’intéresse. Beksiński y apparaît comme exagérément stable dans des situations requérant des émotions chez des individus lambda (comme la maladie ou la mort de ses proches), doublé d’un authentique maniaque enregistrant tout, jusqu’aux conversations domestiques. Imperméable à ce qui se passe hors de son pâté de maison, il l’est aussi aux chamboulements considérables rencontrés par la Pologne durant ces trois décennies : c’est le monde qui doit faire des incursions dans le territoire de cet autarcique, où la politique n’a pas droit de cité.

Sensible aux évolutions du temps, amendé par les apports de la technologie, l’appartement habité par le peintre ressemble d’ailleurs à une toile soumise à ses incessants repentirs. En cela, elle constitue sans doute une de ses œuvres invisibles, un "work in progress" d’arrière-plan dont Matuszynski effectue ici la révélation.

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 29 octobre 2019 De Juris Kursietis (Lett.-Bel.-Lit.-Fr., 1h48) avec Valentin Novopolskij, Dawid Ogrodnik, Anna Próchniak…
Vendredi 23 mars 2012 Étrange film qui raconte en deux parties l’accident de Tchernobyl et ses conséquences vingt-cinq ans après sur une poignée de rescapés, avec la force visuelle du cinéma russe et la pesanteur psychologique du cinéma français. Christophe Chabert

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X