"Tenet" : au temps pour lui
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Loin du système solaire, un module spatial. À son bord, un équipage de relégués cornaqués par une infirmière déglinguée a embarqué pour une mission suicide : l’exploration d’un trou noir et de ses potentialités énergétiques. Mais le pire péril réside-t-il à l’extérieur ou à l’intérieur ? Que Claire Denis s’essaie à la science-fiction galactique n’a rien de stupéfiant en soi : elle s’était déjà confrontée au fantastico-cannibale dans Trouble Every Day (2001). En vérité, ce n’est pas le genre qui modèle son approche, mais bien la cinéaste qui, par son style et son écriture, modèle le cinéma de genre.
High Life tient donc du conte métaphysique et du roman d’apprentissage : il zone davantage dans les environs ténébreux de 2001 et de Solaris qu’aux confins opératiques de Star-Wars-Trek. Claire Denis semble de surcroît s’ingénier à vider son film de sa puissance épique : sa déconstruction de la chronologie du récit, réduit à des lambeaux juxtaposés, absorbe, à l’instar du trou noir, toute velléité de spectaculaire cosmique. Seuls les accords languides de Stuart Staples du groupe Tindersticks offrent une continuité narrative ; une apparence de linéarité, immatérielle, autour de laquelle flottent les personnages, en apesanteur. Abolissant le temps, il contribue à la création d’un climat et d’une atmosphère plutôt qu’à celle d’une histoire. Cette expérience est aussi un voyage.
Un mot, enfin, sur l’étonnante interdiction "avec avertissement" frappant le film : on aimerait en connaître les raisons profondes. Si elle est motivée par la séquence de tentative de viol avec passage à tabac, elle est compréhensible (mais en ce cas, il faudrait frapper d’une identique sanction la quasi totalité des productions d’action). Si c’est en revanche l’espèce "d’orgasmotron" (le compartiment à plaisirs où se réfugie le personnage de Juliette Binoche) qui a choqué la pruderie des censeurs, alors nous sommes vraiment entrés dans une régression pudibonde du pire effet.
Loin du système solaire, un module spatial. À son bord, un équipage de relégués cornaqués par une infirmière déglinguée a embarqué pour une mission suicide : l’exploration d’un trou noir et de ses potentialités énergétiques. Mais le pire péril réside-t-il à l’extérieur ou à l’intérieur ? Que Claire Denis s’essaie à la science-fiction galactique n’a rien de stupéfiant en soi : elle s’était déjà confrontée au fantastico-cannibale dans Trouble Every Day (2001). En vérité, ce n’est pas le genre qui modèle son approche, mais bien la cinéaste qui, par son style et son écriture, modèle le cinéma de genre.
High Life tient donc du conte métaphysique et du roman d’apprentissage : il zone davantage dans les environs ténébreux de 2001 et de Solaris qu’aux confins opératiques de Star-Wars-Trek. Claire Denis semble de surcroît s’ingénier à vider son film de sa puissance épique : sa déconstruction de la chronologie du récit, réduit à des lambeaux juxtaposés, absorbe, à l’instar du trou noir, toute velléité de spectaculaire cosmique. Seuls les accords languides de Stuart Staples du groupe Tindersticks offrent une continuité narrative ; une apparence de linéarité, immatérielle, autour de laquelle flottent les personnages, en apesanteur. Abolissant le temps, il contribue à la création d’un climat et d’une atmosphère plutôt qu’à celle d’une histoire. Cette expérience est aussi un voyage.
Un mot, enfin, sur l’étonnante interdiction "avec avertissement" frappant le film : on aimerait en connaître les raisons profondes. Si elle est motivée par la séquence de tentative de viol avec passage à tabac, elle est compréhensible (mais en ce cas, il faudrait frapper d’une identique sanction la quasi totalité des productions d’action). Si c’est en revanche l’espèce "d’orgasmotron" (le compartiment à plaisirs où se réfugie le personnage de Juliette Binoche) qui a choqué la pruderie des censeurs, alors nous sommes vraiment entrés dans une régression pudibonde du pire effet.
Crédit Photo : Wild Bunch Distribution
De Claire Denis (FR, avec Robert Pattinson, Mia Goth, Juliette Binoche...)
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