"A Bread Factory, Part 2 : Un petit coin de paradis" : ensemble tout devient possible (vraiment)

Ayant triomphé de justesse d’"artistes contemporains" chinois prêts à leur ravir leurs subventions, les deux patronnes de La Fabrique de Checkford, ancienne usine à pain transformée en espace dédié aux arts, montent leur version d’Hécube d’Euripide. Pendant ce temps, le jeune Max reprend au débotté le journal local et d’étranges visiteurs s’invitent en ville…

Il y a vingt-cinq ans, époque sans doute plus propice à ce genre d'aventure, le réalisateur Patrick Wang aurait fait un malheur avec ce diptyque en quatre heures (parties 1 & 2 additionnées) narrant les déboires d’une structure culturelle municipale installée dans une usine désaffectée, dirigée par deux lesbiennes et luttant contre des suppôts du libéralisme globalisé – entre deux saynètes à la Woody Allen détaillant les petites misères de la communauté ou des anecdotes de vieux témoins. Et comme l’heure n’est pas encore aux mini-séries de niche sur les plateformes (comprenez, sans braquage spectaculaire ni dystopie ni suicide d’adolescente traumatisée), la salle de cinéma reste le meilleur endroit pour découvrir ce genre de projet tenant de la jolie chimère. Ou du lieu polyculturel puisqu’il incorpore des séquences de claquettes, des numéros chantés, de l’art contemporain ainsi qu’une authentique représentation théâtrale.

Foisonnant de trouvailles jusque dans ses génériques (celui du début offre un résumé du premier volet "interprété" sur scène par les personnages, celui de la fin un blues reprenant les derniers dialogues), cette comédie de caractères a transcendé un budget qu’on devine étriqué pour exister ; elle mérite bien un peu d’attention des amateurs de diversité culturelle qui, en définitive, sont ceux pour qui les fondatrices de La Fabrique se battent…

Sortie le 2 janvier