"If...." : hey, teachers, leave those kids alone

Jusqu’à la typographie de son titre alignant quatre points de suspension là où il n’en faudrait que trois, If...., film du réalisateur Lindsay Anderson, s’ingénie à bousculer l’ordre établi. Déjà qu’il saute en permanence de la couleur au noir et blanc, est subdivisé en chapitres de longueurs inégales, met à mal une institution britannique séculaire (les public schools) en héroïsant ceux qui la malmènent… Mais après tout, ne s’agit-il pas d'un manifeste de colère et de révolte, alimenté par un air du temps propice à toutes les revanches ?

Sorti en 1968, année marquée par divers soulèvements de la jeunesse contre la tyrannie des vieilles lunes, If…. tombe à pic avec cette tranche de vie captée dans une de ces épouvantables "fabriques éducatives" à l’anglaise, semblant vissées dans quelque XIX^e siècle arriéré – on en a d’autres exemples dans The Wall ou Le Sens de la vie. Gamins prépubères et demi-adultes en redingote y cohabitent, sous la férule de profs en toge et de kapo, les whips, distribuant des roustes à ceux qui tentent de manifester un brin d’individualisme. Or Mick Travis (Malcolm McDowell) est de ceux-là… À force de couver, l’incendie finira par prendre et embraser ce reliquat du passé.

If…. est aujourd’hui un double témoignage historique : celui d’une époque, au moment où les baby-boomers ont renversé la table, mais aussi où le monde du cinéma a entériné et salué cette bascule. À Cannes, un an après avoir été interrompu par les "événements de 1968", Anderson décrochait la troisième Palme d’or en cinq ans pour un film "anglais". Mais le sien donnait du pays une modernité moins charmante et "swinging" que celles récoltées en 1965 par The Knack et en 1967 par Blow Up. « The Times They Are a-Changin’… » comme chanterait Dylan.

If....
Au Méliès jeudi 24 janvier à 20h, dans le cadre des cours de cinéma de Jean Serroy