"Falling" : une vie au présent (dé)composé
ECRANS par Vincent Raymond le Mardi 8 décembre 2020 | ★★★★☆ De et avec Viggo Mortensen (É.-U., 1h52) avec également Lance Henriksen, Terry Chen… En salles le 30 (...)
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New York, 1962. Videur temporairement au chômage, l’Italo-Américain Tony Lip est recruté comme chauffeur par Don Shirley, pianiste noir homosexuel sur le point d’entreprendre une tournée dans le Sud ségrégationniste. Tony s’avère en effet idéal pour "régler" tout type de problème…
Ayons d’entrée une pensée pour Peter Farrelly qui risque de subir ce que dégustent tous les interprètes de comédie opérant la bascule vers un registre dramatique (transmutation connue en France sous le nom de "syndrome Tchao Pantin") : l’étonnement émerveillé le disputera à l’incrédulité. Gageons même qu’une poignée de sot·tes ira jusqu’à évoquer un hypothétique besoin de respectabilité du cinéaste, une quelconque (œuvre de) maturité, entre autres fadaises, renvoyant comme d’habitude ses précédentes œuvres à une sous-culture indigne. Alors qu’elles participent, par la charge, de l’étude sociologique de l’Amérique contemporaine – y compris le trop mésestimé My Movie Project (2013), auquel le temps rendra justice.
Tourné vers des faits authentiques passés, le road-movie Green Book a la nécessité de documenter ostensiblement son histoire. Et s’il renvoie de fait un portrait des États-Unis plus réaliste que Dumb & Dumber ou Mary à tout prix, il n’est pas exempt de figures caricaturales, emblématiques d’un temps lui-même scarifié par l’absurdité de la ségrégation. Ainsi Tony est-il conforme à l’image du Rital semi-mafieux fort en gueule et des poings ; ainsi Shirley coche-t-il toutes les cases de la préciosité pianistique, pas aussi excentrique que Liberace et presque aussi mondain que Rubinstein.
De la même manière que Tony et Shirley doivent se référer au fameux Green Book pour voyager ensemble à travers le Sud, Viggo Mortensen et Mahershala Ali endossent ces archétypes afin d'"habiter" plus justement 1962 ; et cela sans les gauchir, histoire de les rendre plus "acceptables" aux yeux volontiers simplificateurs de notre époque, parfois aussi rétive au principe de recontextualisation (eh oui on fumait comme des sapeurs, on mangeait gras et parlait mal jadis) qu’à celui de fiction permettant à un auteur de faire dire à un personnage des choses que lui-même ne pense pas.
De ces excès mutuels ressort une vérité supérieure à tout artifice de reconstitution, se déployant au fil des discussions entre les deux hommes, le temps et le dialogue étant comme toujours les symbiotes de l’évolution des mœurs. Dommage que les gens ne prennent plus le temps de parler…
Green Book : sur les routes du sud
de Peter Farrelly (ÉU, 2h10) avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini…
New York, 1962. Videur temporairement au chômage, l’Italo-Américain Tony Lip est recruté comme chauffeur par Don Shirley, pianiste noir homosexuel sur le point d’entreprendre une tournée dans le Sud ségrégationniste. Tony s’avère en effet idéal pour "régler" tout type de problème…
Ayons d’entrée une pensée pour Peter Farrelly qui risque de subir ce que dégustent tous les interprètes de comédie opérant la bascule vers un registre dramatique (transmutation connue en France sous le nom de "syndrome Tchao Pantin") : l’étonnement émerveillé le disputera à l’incrédulité. Gageons même qu’une poignée de sot·tes ira jusqu’à évoquer un hypothétique besoin de respectabilité du cinéaste, une quelconque (œuvre de) maturité, entre autres fadaises, renvoyant comme d’habitude ses précédentes œuvres à une sous-culture indigne. Alors qu’elles participent, par la charge, de l’étude sociologique de l’Amérique contemporaine – y compris le trop mésestimé My Movie Project (2013), auquel le temps rendra justice.
Tourné vers des faits authentiques passés, le road-movie Green Book a la nécessité de documenter ostensiblement son histoire. Et s’il renvoie de fait un portrait des États-Unis plus réaliste que Dumb & Dumber ou Mary à tout prix, il n’est pas exempt de figures caricaturales, emblématiques d’un temps lui-même scarifié par l’absurdité de la ségrégation. Ainsi Tony est-il conforme à l’image du Rital semi-mafieux fort en gueule et des poings ; ainsi Shirley coche-t-il toutes les cases de la préciosité pianistique, pas aussi excentrique que Liberace et presque aussi mondain que Rubinstein.
De la même manière que Tony et Shirley doivent se référer au fameux Green Book pour voyager ensemble à travers le Sud, Viggo Mortensen et Mahershala Ali endossent ces archétypes afin d'"habiter" plus justement 1962 ; et cela sans les gauchir, histoire de les rendre plus "acceptables" aux yeux volontiers simplificateurs de notre époque, parfois aussi rétive au principe de recontextualisation (eh oui on fumait comme des sapeurs, on mangeait gras et parlait mal jadis) qu’à celui de fiction permettant à un auteur de faire dire à un personnage des choses que lui-même ne pense pas.
De ces excès mutuels ressort une vérité supérieure à tout artifice de reconstitution, se déployant au fil des discussions entre les deux hommes, le temps et le dialogue étant comme toujours les symbiotes de l’évolution des mœurs. Dommage que les gens ne prennent plus le temps de parler…
Green Book : sur les routes du sud
de Peter Farrelly (ÉU, 2h10) avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini…
Crédit Photo : eOneGermany
De Peter Farrelly (ÉU, 2h10) avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali...
De Peter Farrelly (ÉU, 2h10) avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali...
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En 1962, alors que règne la ségrégation, un videur italo-américain du Bronx est engagé pour conduire et protéger un pianiste noir de renommée mondiale lors d’une tournée de concerts. Ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur.
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