Rich Moore et Phil Johnston : « Avec "Ralph 2.0", on voulait montrer que Disney ne se prend pas au sérieux »

Ralph 2.0
De Rich Moore, Phil Johnston (ÉU, 1h53) avec John C. Reilly, Sarah Silverman...

Auteurs des "Mondes de Ralph" et de "Zootopie", les sympathiques Rich Moore et Phil Johnston ont à nouveau uni leurs forces pour donner une suite aux aventures de leurs héros d’arcade. Conversation.

Comment avez-vous eu l’idée de projeter Ralph dans l’Internet ?

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Phil Johnston : Elle est venue au-dessus de mon bureau. Nous venions d’avoir un bébé avec ma femme et elle s’est fait avoir par une arnaque sur Internet par un type qui vendait de la viande en ligne. À ce moment-là, on a réalisé que ça arrivait à tout le monde. Et on a imaginé ce qu’il pouvait se passer si jamais Ralph était obligé d’aller dans Internet, s’il se faisait arnaquer, jusqu’où ça pourrait nous mener…

Rich Moore : Ça a juste commencé avec l’idée d’aller dans Internet, sans histoire ; à partir de là, on a commencé à travailler.

L’Internet que vous montrez est un océan de marques. Comment avez-vous fait pour obtenir l’autorisation de les utiliser ?

RM : On n’avait pas besoin de demander. Aux États-Unis, il existe dans le droit le "fair-use" qui dit que tant que l’on ne dénigre pas ou que l’on ne détourne pas la marque, on peut l’utiliser dans un film. Ainsi, Ebay ne savait même pas qu’ils étaient dans le film avant la sortie du trailer.

En revanche, pour les personnages qui sont des licences de marques, il fallait demander. Quant au site Buzztube, nous l’avons créé pour qu’il soit fidèle à l’obsession de Ralph pour le symbole du cœur, il remplace Youtube et son pouce levé.

Avez-vous chiffré le nombre de références que vous citez ?

PJ : Je pense que personne au studio ne sait combien de référence on a mis ! Pour nous, ce qui était important, c’était que ce soit le World Wide Web – l’Internet du monde. Il n’y a pas que des références américaines, car on ne voulait pas que ce soit différent en Chine ou dans les pays latins, c’est pour cela que l’on voit des références à tous les pays du monde.

Le court métrage Logorama a-t-il une source d’inspiration pour cette intégration de marques ?

RM & PJ (en cœur) : Ooooh ! Logorama ! Il n’a jamais vraiment été cité pendant la conception, mais peut-être bien qu’il nous a inconsciemment inspirés.

Parmi les références figurent les princesses Disney, que vous chambrez tendrement. C’est presque un crime de lèse-majesté…

PJ : Pour nous, il fallait trouver ce juste milieu entre auto-dérision et hommage – un peu comme si on se donnait des coups de coude avec amour… et des coudes très pointus ! Mais on a pu le faire parce qu’on les connaît bien et qu’on évolue au sein de Disney. C’est comme si je me moquais de Rich ou lui se moquait de moi : c’est possible parce qu’on se connaît bien. Mais si quelqu’un de l’extérieur le faisait, ça ne passerait pas.

Y-avait-il malgré tout des limites à ne pas franchir ?

PJ : Étonnamment, non. Personne au studio ne nous a mis de limites. Mais entre nous, nous avons tout de même coupé des parties que nous jugions peu drôles.

RM: Cela reste une comédie, on voulait montrer que Disney ne se prend pas au sérieux. Toutefois, c’est aussi un film un peu profond où l’on voit l’amitié en train de se déchirer et survivre malgré ses fissures.

Vous lorgnez également sur la comédie musicale, avec un spectre d’influences très large…

PJ : Oui, nos inspirations vont de Busby Berkeley, Singing in the Rain, jusqu’à La la Land ; il y a un peu de John Waters, de La Petite Boutique des Horreurs, mais aussi les grands morceaux de Alan Menken dans les années 1990 et enfin GTA…

Dans vos films, les personnages féminins ont des rôles assez forts ; vous avez de plus engagé des femmes à des postes clés ? Vous agissez concrètement pour une meilleure parité ?

RM : C’était très important pour nous. Quand j’ai commencé à travailler sur Les Simpsons il y a 30 ans, ça l’était déjà de ne pas avoir que des mecs pour fabriquer cette série qui était sur une famille. Depuis, j’ai essayé de trouver cet équilibre homme/femme à 50/50 dans Ralph, dans Zootopie, surtout lorsqu’il s’agit de créer l’histoire.

Dans l’animation, on essaie aussi d’avoir des vieux et des jeunes, de plein de pays différents, issus de la diversité. On y arrive peu à peu; Depuis Les Mondes de Ralph, on sait qu’on ne fait pas nos films que pour les États-Unis, mais pour le monde entier. Et il faut être à la hauteur de cela.

Ralph 2.0 évoque la violence des commentaires publiés sur Internet. Vous-même, comment avez-vous vécu ceux qui ont suivi la sortie du trailer du film ?

RM : Il y a eu effectivement un premier trailer où l’on voyait notre Tiana qui n’était pas aussi noire que le personnage dans le film en 2D, La Princesse et la Grenouille. On a regardé et on a vu que les gens qui avaient critiqué avaient raison : elle assez différente. Du coup, on a invité les designers et animateurs à bien étudier le film en 2D, mais aussi les groupes qui avaient critiqué et la première actrice qui avait fait la voix de Tiana pour qu’elle donne son point de vue et on a pu rectifier la situation.

C’est dommage qu’on ne l’ait pas fait correctement la première fois, mais on est content d’avoir eu ces commentaire qui nous on permis de rendre sa forme à Tinana. Peu importe d’où ils venaient, du moment qu’on a fait ce qu’il fallait, c’est ce qui compte.

Enfin, pourquoi finir le film avec le chanteur Rick Astley ?

RM : (rires) Il y a une blague qui circule par mail depuis plusieurs années aux États-Unis, le Rickrolling. Les gens s’envoient un mail avec en intitulé « j’ai une super nouvelle pour toi », et en fait on tombe sur un clip de Rick Astley qui chante Never Gonna Give You Up. On voulait faire la même chose.

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