"Roxane" : les oeufs de la rampe

De Mélanie Auffret (Fr, 1h28) avec Guillaume de Tonquédec, Léa Drucker, Lionel Abelanski…

La coopérative du village ayant mis un terme au contrat le liant à son exploitation avicole, Raymond tente le tout pour le tout pour sauver ses poules : lui, le passionné de théâtre, se filme sur Internet en train de déclamer des vers à ses gallinacés. Au cas où ça ferait un buzz…

Pas très éloigné en thématique (ni sur la carte) du pathétique Normandie nue (2018), ce premier long-métrage de Mélanie Auffret touche infiniment plus juste que la pantalonnade téléfilmesque de Philippe Le Gay. Oh, il y aura bien des esprits forts pour dénigrer par principe une comédie sociale s’inscrivant dans la ruralité ou moquer certains raccourcis. N’empêche : Roxane parle avec une appréciable fraîcheur de sujets aussi profonds que ceux abordés par Hubert Charuel dans Petit paysan (2017) : le cynisme des gros agro-industriels organisant la disparition des petites exploitations, le manque de soutiens accordés aux paysanneries non productivistes, l’avidité des banques "spécialisées", l’absence de solidarité interprofessionnelle ou cette désespérance chronique qui conduit les plus fragiles (précaires et solitaires) vers le suicide. Mais aussi la volatilité de la notoriété acquise sur le web, et la non-conversion entre soutien virtuel et engagement concret des internautes.

Alors, elle peut sembler bien charmante cette histoire, et Guillaume de Tonquédec un peu trop rougeaud derrière ses grosses moustaches ; il n’en demeure pas moins que Roxane défend les paysans, leur dignité et les conditions de vie des animaux, avec de la poésie et des sourires. En plus, on y nourrit des poules avec des vers. Quoi de plus traditionnel ?

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