"Papicha" : liberté, j'écris ton non

Papicha
De Mounia Meddour (Fr-Al-Be-Qatar, 1h46) avec Lyna Khoudri, Nadia Kaci, Yasin Houich...

De Mounia Meddour (Fr.-Alg.-Bel.-Qat., 1h45) avec Lyna Khoudri, Shirine Boutella, Amira Hilda Douaouda…

Alger, début des années 1990. Alors que le pays s’enfonce durement mais sûrement dans la terreur, la jeune étudiante Nedjma résiste à sa manière, continuant à affirmer ses désirs de femme libre et indépendante. Mais jusqu’à quand le pourra-t-elle ?

Ce brillant portrait d’une "papicha" ("beau brin de fille") à une époque où il ne faisait pas bon être femme ni revendiquer son autonomie résonne terriblement aujourd’hui : la violence ne s’exerce plus directement par les armes mais la pression sociétale est devenue telle que beaucoup d’entre elles ont intériorisé la menace religieuse et masculine. Nedjma apparaît comme une rebelle quand tous les autres jeunes de son âge (filles ou garçons) se soumettent en se voilant ou en préparant leur exil de l’autre côté de la Méditerranée ; tous composent avec les privations de liberté qui s’annoncent, sans même les contester. Sauf Nedjma, donc, qui ironiquement est la seule à manifester un attachement profond à ce pays qui lui veut tant de mal.

Près de trente ans après les faits, les blessures algériennes ne sont toujours pas refermées, loin s’en faut. En témoigne le récent soulèvement populaire ayant fait chavirer le régime de Bouteflika. Autre indice d’une société mal apaisée : la valse-hésitation des autorités face au film de Mounia Meddour. Tourné avec les autorisations requises, présenté avec succès à Cannes et à Angoulême, Papicha a même été retenu pour représenter l’Algérie dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger. Et pourtant, sa projection s'est vue interdite par un censeur du ministère de la culture. Alors qu’il continue sa marche triomphale dans les festivals (y compris les pays du monde arabe, comme El Gouna en Égypte), cet obstacle pourrait compromettre sa participation aux Academy Awards. Preuve qu’il touche juste, comme les films de Nabil Ayouch au Maroc.

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