Fabrice Murgia

Héritier d’un théâtre populaire, poétique et édifiant, Fabrice Murgia met en parallèle deux grandes utopies contemporaines. D’une part les promesses et luttes qui accompagnent les développements fulgurants du net et de l’informatique, d’autre part les rêves d’émancipation du continent africain. Ces utopies sombreront-elles dans les gigantesques poubelles de l’obsolescence où s’éreintent les jeunes générations du continent noir ?
Un grand conte contemporain raconté au plateau par quatre comédiens, deux Sénégalais et deux Belges. Il y sera question de la fracture numérique Nord-Sud, d’escrocs en ligne, du monde hyperconnecté, de Aaron Swartz, icône du libre accès à l’information qui a incarné l’espoir d’une ouverture d’Internet tombé aujourd’hui entre les mains de multinationales. Black Clouds prendra des accents de comédie quand il s’agira de nous raconter les supercheries orchestrées par les pirates du web ivoiriens, les « brouteurs » dont la spécialité est d’entretenir des relations amoureuses à distance. On s’enfoncera dans la face la plus sombre du Web, le Darknet, où la notion même de frontière n’a plus de sens et où on peut acheter un faux passeport ou un organe. Et comme toujours chez Fabrice Murgia, on se souvient de Notre peur de n’être, la mise en scène est construite autour de la vidéo qui joue de la superposition de plans, et transforme le plateau en un espace multi dimensionnel pour nous entraîner vers un ailleurs à la fois poétique, onirique et bien réel.