Sexy twenty

On l’a dit et redit, l’Espace Vallès fête ses 20 ans cette année. Le deuxième volet de l’exposition Baraka vient ainsi clore en beauté un cycle faisant honneur aux choix artistiques de la galerie. Laetitia Giry

«Big brother is watching you», et c’est un plan fixe sur un gorille qui, de son “bouh” récurrent, nous l’affirme en interpellant le visiteur que nous sommes. La vidéo de Benjamin Miloux se tapie malicieusement dans un coin de la galerie, frappant avec force et dérision sur notre passage parmi les différentes œuvres en poste au rez-de-chaussée. Parmi les plus imposantes, le Corvus Corax de Cyrille André s’impose à l’entrée comme funeste présage, en observateur ferme et intimidant – un géant de 3m affublé de trois corbeaux sur les épaules – il se fait terrain d’expérimentation pour l’artiste qui dévoile pour la première fois une sculpture en polystyrène nu : élément qui ne contrarie en rien son gigantisme écrasant, identique peu importe le point de vue. Le meilleur écho en serait l’ultime surprise et ironique ponctuation du parcours, une dizaine de cerveaux de plastique attendant patiemment que l’on se penche sur la boite de bois qui les contient.La maîtresse vidéo
La suite de vidéos diffusée à l’étage a de quoi subjuguer. La plus hypnotique installe le malaise par de simples mots blancs sur fond noir – Money Panic, comme un slogan vertigineux et tourbillonnant, devient un “control“ hypnotique – des mots qui se vident, extraits de leurs contextes “marketing“, deviennent des signaux ridicules et vulgaires, autant de fatalités rendues fragiles par leur confrontation directe avec la raison. Leur vérité crue de domination sociale apparaît comme un supplice quotidien irrationnel, intégré à force de pub. Jean-Luc Menetrier dévoile ainsi un moulin des temps modernes, vertige de l’angoisse et de la consommation. Difficile enfin de ne pas décerner notre petite palme personnelle. On avait découvert avec émerveillement la puissance brute du travail d’Angelica Markul il y a quelques mois dans ce même Espace Vallès. On retrouve l’artiste dans ce qui ressemble à un véritable passage de format. Son Salon noir (photo) tout récent (2010-09-24) ressemble à l’aboutissement de sa recherche sauvage entre la lumière et la matière pauvre et morbide. Les effusions de plastique et de sac poubelle se retrouvent confinées avec grâce dans l’espace sacré du cadre, joliment comprimées sous vitre. S’en dégage une énergie précieuse et vibrante, soulignée par le néon qui le surplombe, lui aussi dignement encadré. Le tout n’hésite pas, refusant une quelconque insuffisance. Le dispositif s’est rangé, sagement, dans une dimension plus classique : celle du tableau – assumant pleinement ses caractéristiques d’effroi, de dégoût comme sujet potentiel d’une œuvre à vivre par le simple regard, l’absolu.Baraka
Jusqu’au 23 octobre, à l’Espace Vallès.

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