Jeune artiste londonien, Jon Fox est de ceux que l’on serait tenté de nommer des forcenés loufoques et appliqués. Cette déferlante de qualificatifs n’est pas gratuite : elle n’est qu’une réaction naturelle face à une œuvre patiente dont la maîtrise technique et la virtuosité étonnent autant qu’elles impressionnent. Jon fox bâtit des univers – au sens propre –, il construit des réalités parallèles en fusionnant les motifs, en combinant des relations de cause à effet oniriques et visuellement captivantes. La galerie Spacejunk expose ici la totalité des pièces produites par l’artiste ces trois dernières années : quelques dessins au feutre (sympathiques mais déjà vus) et, plus intrigant, de grandes toiles de peinture à l’huile. Technique classique qui donne au résultat une impression de matière et de relief, honorant l’élaboration quasi-scénaristique de ces toiles, légitimant leurs multiples références : des samouraïs aux bouddhas, de la peinture du XVIe siècle aux jeux vidéo du XXIe. C’est que le jeune homme lorgne gentiment du côté du film d’animation, attendant son heure en imaginant déjà ses futures trames sur papier, racontant ces histoires en une image statique et explosive, pleine déjà des aventures animées prêtes à muer. Ainsi du visuel ci-contre, dont le jeu naïf de crocos au centre se transforme en machine à construire des villes de béton, et ce par des êtres hybrides et ténébreux qui eux-mêmes s’évaporent en une fumée claire et rédemptrice pour redevenir la bille initiale nécessaire au jeu central. Eternel recommencement et temps circulaire, comme une mise en abyme de la chose artistique. LGBuild your enemy – Jon Fox
Jusqu’au 7 mai chez Spacejunk
