Spectre publicitaire

Le collectif Ici-même [Gr.] ouvre les portes de son atelier à l’occasion de l’accueil de l’artiste Tito Gascuel, de ses projets en cours et de ses affiches détournées… L’occasion de comprendre le fonctionnement et les intentions de leurs projets respectifs. LG

« Train fantôme ? Train parce qu’ils font trembler nos fenêtres toute la journée, Fantôme parce qu’il y en a plein les placards », voilà comment le collectif Ici-Même [Gr.] justifie le choix du nom du lieu qu’il occupe depuis peu. Depuis peu, et peut-être pas pour longtemps, la faute à la somme relativement élevée demandée par la Ville de Grenoble pour louer l’espace en question (8000 euros par an). Sa disparition serait bien dommage, car il représente une bouffée d’air frais dans le contexte artistique grenoblois qu’il serait bon de ne pas négliger. Delphine, du collectif, nous explique que ce Train Fantôme a pour vocation d’être un atelier de travail, un lieu de passage et de partage permettant « d’inventer avec chaque artiste accueilli un protocole de rencontres ». En d’autres termes : « ce n’est pas une galerie d’art » mais un « point d’ancrage », ce n’est pas un lieu plus ou moins institutionnel de plus, mais un terrain d’expérimentations en tous genres. Pour l’heure, Ici-même [Gr.] a invité l’artiste Tito Gascuel pour, non pas une « exposition », mais une « station »… et nous, on est allé voir ça.

J’expose moi non plus

Cette « station » ressemble à une opportunité offerte à Tito pour développer son travail ailleurs qu’entre ses propres murs, voir les choses dans un contexte différent pour pouvoir les faire évoluer. Il a ainsi pu agrandir et afficher (à la colle à affiches, attention) les publicités minutieusement détournées par ses soins et jusqu’alors réduites à leur état premier : le format A4. Etendues ainsi au mur, leur impact change, élargissant leur potentiel humoristique proportionnellement à leur grossissement formel. L’artiste dissimule, griffonne et rajoute, il crée le palimpseste sur les pubs que l’on reçoit tous au quotidien dans nos boites aux lettres. Les slogans mutent pour ressembler à « Pour votre santé, mangez au moins un jour » ou « 50 photos achetées = 50 photos ». Vidées jusqu’à l’absurde, les formules mettent en évidence la « vulgarité consensuelle des pubs, pires que nos blagues de sales gosses », précise-t-il. Alors, même si le détournement d’images n’est pas une nouveauté (pas plus dans notre cité qu’ailleurs, on pense au travail de Nosca vu au Laboratoire Art Aujourd’hui), l’humour, quand il décape, est toujours un peu revigorant. Le bonus ? Pendant ses heures de permanence, le sieur dessine les planches d’une BD post-apocalyptique qu’il réalise en collaboration avec un graveur, et dont les épreuves, visibles, sont de bon augure.

Suggestion de présentation n°5
Jusqu’au 30 avril au Train Fantôme (Estacade à Grenoble) Débâcle (lecture)
Sam 30 avril à 17h au Train Fantôme

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