Repeat again

En invitant Le Gentil Garçon, artiste obsessionnel aux multiples facettes, le Vog ouvre sa porte à l’art contemporain tel qu’on le conçoit : généreux et stimulant. Plus enthousiasmant qu’on ne saurait le dire. Laetitia Giry

Souvent, la nuit, Le Gentil Garçon rêve qu’il perd ses dents. Artiste au doux pseudonyme, manifestement un peu fou, initié à l’univers scientifique par l’étude des mathématiques, il déclare que « [son] goût pour les sciences s'arrête lorsqu'il ne laisse plus assez de place au mystère ». Le mystère ? Celui qu’un artiste reconstruit et dévoile, création après création, celui qu’il chérit comme le diamant précieux d’une collection de bijoux. Couvé et soigné, c’est lui qui détermine la valeur ajoutée d’une proposition artistique. En la matière, on peut dire que l’œuvre de ce « gentil garçon » contente et satisfait, voire plus que ça : elle fascine avec une simplicité modeste mais consciente de son potentiel. Ainsi, son cauchemar déjà évoqué se transforme en masque de peinture noire sur un mur du Vog. Flanqué d’une mâchoire de néon hyper apparente, il porte un excès de symbolique qui dit parfaitement l’essentielle ambigüité du travail exposé. Parce que souvent, la nuit, une peur irrationnelle l’emporte sur l’évidence calme de la réalité, la lumière rassurant sans complètement chasser l’inquiétude : précisément le sentiment que décortique ce faux gentil, plus taquin et spirituel que naïf.A la chaîne
La fascination ressentie par le public est d’abord celle éprouvée par l’artiste lui-même, traduction de son goût pour la répétition et l’agrégat que l’on devine stimulé par une nature sujette à l’obsession. Ici Sept cent soixante-dix-sept ans de malheur : un smiley gigantesque composé de cent onze miroirs brisés, riant de toutes ses dents, ironique et cynique. Là Good Luck Mr. Chance (encore elle) : vingt-sept jeux de cartes triés, privés de leurs deux jokers pour ne reformer qu’un seul jeu, remis en rayon. Et ailleurs, l’œuvre qui définitivement fait taire le bavard et réveille le somnolent : Restore Hope. Film réalisé en stop motion – technique nécessitant une prise de vue image par image, et donc une patience inouïe – qui met en scène des prisonniers travaillant à la chaîne dans un décor de carton. Sous leurs mains et machines défilent des feuilles blanches, qui, d’un coup de pinceau, deviennent des reproductions du Cri, fameux tableau d’Edvard Munch. Cette célèbre représentation du désespoir est désamorcée par la mutation opérée : l’image se transforme, elle est agrémentée d’un soleil de gouache et d’un vol d’hirondelles, le personnage se voit coller un sourire, de gros yeux enfantins et des oreilles de Mickey. Le Gentil Garçon emprunte à une représentation simpliste des caractères la dialectique opposant bien et mal ou bonheur et malheur pour ses vertus de reconnaissance. Mais que l’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas là que son discours (se) repose, c’est en ce point qu’il rebondit.Le Gentil Garçon
Jusqu’au 2 juillet au Vog de Fontaine www.legentilgarçon.com

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