"Obey Propaganda" : Shepard Fairey, art et propagande

Exposition / Figure emblématique de la scène street art mondiale, Shepard Fairey, le créateur d’Obey, symbolise à la perfection les forces, mais également les contradictions de cette mouvance artistique passée de l’ombre à la lumière.

Poursuivant sa démarche d’ouverture vers des horizons artistiques sans cesse plus vastes, Spacejunk a ferré un gros poisson en la personne de Shepard Fairey, pionnier américain du street art devenu l’un des artistes les plus en vue du mouvement. En activité depuis 1989, Fairey fait ses débuts en recouvrant les murs de sa ville d’énigmatiques stickers représentant l’imposant catcheur André Roussimoff aux côtés du slogan « Andre The Giant has a Posse ». Dénuée de tout contexte explicatif, la campagne d’affichage sauvage suscite rapidement la perplexité la plus totale, à la grande joie de son créateur, ravi de pousser ainsi les gens à « questionner leur environnement ».

En 1998, il crée une nouvelle campagne, Obey Giant, largement inspirée par le film de John Carpenter Invasion Los Angeles. Portée par une esthétique forte et immédiatement identifiable, puisant sa source dans les œuvres de propagande soviétiques et maoïstes, et bardée de slogans chocs résonnant comme autant de commentaires sociaux sibyllins, Obey Giant fait forte impression, et essaime à travers le monde entier.

La machine est lancée, et dans les années qui suivent, Shepard Fairey crée une marque de vêtements éponyme, une agence de communication spécialisée en marketing viral, multiplie les pochettes d’albums pour diverses grosses pointures musicales, et commence à exposer dans différentes galeries et musées. L’accès à la notoriété est en route pour Fairey (elle culminera avec la création du célèbre poster Hope pour Obama en 2008), mais avec elle naissent également les premières contradictions…

Défense d'obéir

Toute la force du travail de Shepard Fairey, sa puissance subversive, sa capacité à susciter des interrogations repose en effet sur deux présupposés : l’affichage sauvage dans les rues, et l’anonymat de l’artiste. Ces derniers disparus, reste uniquement une charte graphique très réussie, une machine à slogan visuelle à l’impact immédiat, mais qui n’évolue plus, et tourne désormais un peu à vide.

Un dilemme que l’on peut étendre à la sphère du street art en général, mais particulièrement problématique dans le cas d’Obey, qui doit justement son succès à son caractère contestataire, et anti-etablishement… Et l’expo dans tout ça, nous demanderez-vous ? Si vous ne connaissez pas encore le travail de l’artiste, foncez sans hésiter. Pour les initiés en revanche, difficile d’échapper à une certaine sensation de déjà-vu…

Obey Propaganda
Jusqu’au samedi 27 octobre à Spacejunk

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