Pluralité du paysage avec le Mois de la photo de Grenoble

Paesaggio, la construction d'un regard

Ancien Musée de Peinture

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Porté par la Maison de l’Image, le Mois de la photo amène le paysage entre les murs de l’Ancien musée de peinture et de la Plateforme. Une proposition éclectique qui s’intéresse aux grands espaces comme aux paysages intérieurs grâce à l'Italien Gabriele Basilico et à onze autres photographes, pour une quatrième édition placée sous le signe d’un dépaysement sublimé.

Fort d’une proposition dense et variée, l’événement annuel de la Maison de l’image se pare d’un nouveau manteau sémantique en cette rentrée 2016. C’est ainsi que se tient jusqu’au 2 octobre le Mois de la photo, avec pour haut lieu la place de Verdun. Investissant l’Ancien musée de peinture et la Plateforme, la manifestation se révèle intelligente et séduisante notamment grâce à la présentation du travail de Gabriele Basicilo (1944-2013). Prenant pour thème le paysage, en résonance avec la 1ère saison de Paysage > Paysages, l’exposition dévoile une quarantaine de clichés de l’Italien pris entre les années 1980 et 1990. Sur petit ou grand format, en noir et blanc, s’exprime alors tout le génie d’un regard qui aimait prendre son temps afin de capter l’essence de la vue, qu’elle soit urbaine ou sauvage.

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Avec cet éloge à la lenteur du regard, le photographe s’appliquait à mettre une distance avec sa prise de vue, comme pour s’imprégner du paysage et saisir une vision documentaire. Un sens de la mesure qui ne se privait pas cependant d’une esthétique singulière, entre composition graphique ou approche picturale flamande, pour interroger la notion de territoire à travers un style photographique contemplatif.

Intériorité du dehors

Face à l’immensité du regard de Gabriele Basilico, sept autres photographes livrent leur vision du paysage entre intérieur et extérieur, documentaire et imaginaire, pour un ensemble où l’exploration photographique tend à construire de nouveaux univers. À l’instar de Xavier Blondeau qui, avec la série Présence obscure, esquisse une ambiance entre Edward Hopper et David Lynch grâce à des clichés nocturnes en milieu urbain, pour une poésie de la solitude.

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Une essence de la quiétude que l’on retrouve chez Erminio Annunzi, un des deux photographes italiens invités par l’association Surexpose, avec ses portraits d’arbres où l’instant semble suspendu. Quant à l’Italien Stefano Ciol, il propose une altération de la réalité avec des paysages esthétisants par un noir et blanc accentué.

La nature apparaît plus réelle chez Simon Vansteenwinckel avec la série Nostros, explorant le Chili et l’Argentine, où le grain de l’image octroie une authenticité particulière. Une profondeur de l’environnement qui devient intime avec Emma Grosbois. Photographiant des intérieurs de Milanais, l’artiste donne à voir une iconographie personnelle et pourtant collective interrogeant des histoires universelles pour une cartographie mentale.

À l’image du travail de Stéphanie Nelson qui, en saisissant Le camp de Joffre, dit camp de Rivesaltes, capte un double paysage entre persistance et effacement des lieux.

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Pour Olivier Cretin, l’aller-retour entre le dedans et le dehors lui permet de capter des Vues perdues où l’atmosphère se charge d’étrangeté mais où l’exploration demeure le leitmotiv.

Topographie urbaine

Une exploration du territoire qui devient quasiment scientifique à la Plateforme avec l’exposition Mix City présentant les clichés de Giovanni Hänninen. Sillonnant Milan, Copenhague et Hambourg, le photographe témoigne par l’image des transformations urbaines en Europe.

Quant à l’exposition Des Circonférences sensibles, montée dans le cadre des Rencontres franco-italiennes par Surexpose, elle offre un échange de vision entre Grenoble et Milan. Sont ainsi présentés deux Italiens, Claudio Argentiero et Davide Niglia, officiant en noir et blanc pour une étude presque nostalgique de l’architecture.

Mais le rendu le plus pertinent est celui du Grenoblois Alexis Bérar (photo en tête d'article) qui, selon un procédé rigoureux, dresse une typographie spécifique de la ville, tout en soulevant la question de l’habité et de l’appropriation des espaces de passage, pour un mois photographique de découverte qui se prolonge jusqu’à fin octobre en off dans des galeries du centre ville.

Le Mois de la photo
À l’Ancien Musée de peinture jusqu’au dimanche 2 octobre

Mix City + Des circonférences sensibles
À la Plateforme jusqu’au samedi 8 octobre

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