"Jours intranquilles, l'Algérie d'est en ouest" : l'intranquillité algérienne de Bruno Boudjelal

Jours intranquilles, l’Algérie d’est en ouest (2001-2003)

Bibliothèque centre-ville

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Exposition / Floues, décadrées et sombres, les photographies de Bruno Boudjelal présentées à la Bibliothèque centre-ville dans le cadre de l’exposition "Jours intranquilles, l’Algérie d’est en ouest (2001-2003)", perturbent le spectateur. Et l’amènent à s’interroger sur l’impossible objectivité de tout témoignage photographique.

« Pour moi, ce sont des photos ratées ! » Ce commentaire d’un visiteur saisi à la volée lors de notre venue peut s’entendre assez bien si l’on se contente de traverser l’exposition du photographe français d’origine algérienne Bruno Boudjelal sans prendre le temps de s’en imprégner. Car l’observateur plus attentif notera que pour des « photographies ratées », celles de Boudjelal offrent une étonnante cohérence que l’accrochage dynamique proposé par l’Artothèque à la Bibliothèque centre-ville participe à révéler.

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Les sujets tout d’abord : des individus solitaires confrontés à des espaces urbains désertés, austères et décrépis. La forme ensuite : des images confuses donc, mais également un jeu récurrent avec les fenêtres (de bus, de voitures ou de maisons) derrière lesquelles le photographe se dissimule. Si l’encadrement de celles-ci ajoute comme une distance avec le réel observé, il témoigne surtout de la nécessité que Boudjelal ressent de ne pas attirer l’attention dans une Algérie encore fortement marquée par une guerre civile dont elle sort à peine à l’aube des années 2000.

Enfant de l’exil

Contraint de ne jamais s’arrêter pour ne pas se faire repérer, il réalise la plupart de ses prises de vues à la dérobée. Ainsi, la vision trouble et embrouillée qui caractérise son travail résulte en partie de son contexte singulier de réalisation et de l’état d’intranquillité dans lequel le plongent ses différents périples algériens (ici ceux effectués entre 2001 et 2003).

Plutôt que de bercer le spectateur de l’illusion d’accéder au réel grâce à une prétendue objectivité photographique, Boudjelal affirme la dimension subjective de la prise de vue, témoignant de la difficulté pour lui, enfant d’émigré, de regarder frontalement ce pays auquel son père a toujours tourné le dos. Un travail subtil qui interroge le rapport des exilés (et de leur descendance) à leur patrie d’origine.

Jours intranquilles, l’Algérie d’est en ouest (2001-2003)
À la Bibliothèque centre-ville jusqu’au samedi 5 mai
Vernissage jeudi 29 mars à 18h30 en présence du photographe

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