Tous aux abris !

Patrimoine / Le Musée dauphinois s’est toujours attelé à questionner la manière dont les Hommes ont peuplé les Alpes. C’est à la façon dont ils s’y abritent que sa nouvelle exposition "Refuges Alpins" est consacrée. Un riche parcours où se croisent l’histoire, la sociologie, l’architecture et l’écologie !

Avec sa nouvelle exposition, le Musée dauphinois parvient à faire de la courte histoire des refuges de montagne (deux petits siècles) une passionnante épopée dont le sous-titre ("De l’abri de fortune au tourisme d’altitude") apparaît comme l’idéale synthèse. Le parcours s’ouvre judicieusement sur un paradoxal constat : le territoire montagnard est à la fois un lieu refuge (pour les religieux, les résistants ou les parias...) mais aussi celui dans lequel il est nécessaire de trouver un refuge pour se protéger du déchaînement redoutable des éléments naturels – l’ambiance sonore et lumineuse de la première salle en donne une petite idée...

De la cabane à l’usine

Au XIXe siècle, avec l’apparition des différents clubs et sociétés qui ont pour but de favoriser la découverte des montagnes (le Club Alpin Français en 1874, la Société des Touristes du Dauphiné en 1875), la nécessité de ne plus se contenter des abris naturels va motiver la construction des premiers refuges. « Accompagnant une volonté d’aller toujours plus haut, ces refuges sont alors toujours implantés sur une course. Il ne s’agit pas alors de tourisme mais bien d’accompagner des exploits sportifs », explique Agnès Jonquères, commissaire de l’exposition. Explorant les différentes typologies de refuges (tout en un, chalet-hôtel, hôtel d’altitude…), l’exposition montre, à grand renfort de maquettes, de reconstitutions et de plans, que l’évolution de la fonctionnalité de ces architectures répond à celle des pratiques de l’alpinisme et à l’essor du tourisme montagnard. Si aujourd’hui les refuges sont encore souvent installés sur des courses, il n’est pas rare qu’ils soient également le but à atteindre pour les randonneurs aussi curieux du cadre naturel qu’ils vont découvrir que de l’accueil qui les attend. « Le gardien est une figure primordial dans l’histoire des refuges, il transmet certaines valeurs éducatives au travers de sa fonction et s’assure que chacun participe de la vie communautaire. Le rapport que le gardien entretient avec son public contribue à en faire son succès », précise la commissaire. Loin de de la chaleureuse convivialité incarnée par le gardien, l’exposition explore également les dérives liées à l’hyper-fréquentation de certaines courses. Situé sur le massif du Mont-Blanc, le refuge du Goûter a beau tenter de réduire au maximum son impact écologique, un ravitaillement régulier par hélicoptère est nécessaire pour nourrir les 120 personnes qui y dorment quotidiennement... et pour ceux que ces débats passionnent, un déluge de propositions culturelles feront du Musée dauphinois cet automne un abri idéal pour prolonger les discussions.


Refuge et patrimoine

Lors de votre visite de l’exposition, ne manquez pas le petit documentaire vidéo qui témoigne des nombreux débats autour de la réhabilitation récente du refuge de l’Aigle dont vous aurez vu (si vous avez été un visiteur attentif) une maquette, ainsi qu’une reconstitution à l’échelle 1 au début du parcours. Ce fameux refuge donc, situé sur un éperon rocheux du massif des Écrins, a été sujet à des débats houleux au début des années 2000 lorsqu’il a été question de le remplacer. Tandis que certains étaient partisans de le déplacer pour en faire une pièce de musée, d’autres se sont battus pour le maintenir dans son site naturel et faire en sorte que la réhabilitation préserve le bâtiment d’origine datant de 1910. Après de nombreux rebondissements dans l’affaire, ce souhait s’est finalement concrétisé en 2014 grâce à l’architecte Jacques Félix-Faure dont l’audacieuse proposition parvient à concilier préservation du patrimoine et fonctionnalité. Cet épisode historique marque un tournant dans la prise de conscience de la valeur patrimoniale des refuges. De son côté, en consacrant cette magnifique exposition aux refuges, le Musée dauphinois enfonce le clou et fait de ceux-ci un sujet d’étude à part entière.

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