Éric Ghenassia : « On veut avant tout protéger le projet associatif et culturel de la Bobine »

Ça y est, ceux qui prétendent le contraire mentent, la Bobine est installée dans ses nouveaux locaux, et s’apprête à fêter ça avec son inauguration officielle du 6 février. Entretien avec Éric Ghenassia, directeur du lieu.

Comment se sont finis les travaux ?

Eric Ghenassia : Dans les temps, déjà ! Tout juste pour le passage de la Commission de Sécurité, à une demi-heure près. Ça s’est fini sur le dernier trimestre, dès septembre, avec une énorme mobilisation bénévole qu’on avait lancée en se disant que sinon on n’y arriverait pas.

Honnêtement, on ne s’attendait pas à autant de répondant, et notamment de personnes qui n’avaient jamais mis les pieds à la Bobine – on a dû expliquer le projet, ce qu’on était en train de faire, et maintenant ce sont des gens qui s’investissent dans l’asso. Sur les dernières semaines, l’énergie abattue était incroyable.

Outre leur succès public, les deux premières soirées ont permis de vérifier la bonne fonctionnalité du lieu ?

Le premier soir, la fréquentation était une surprise, on a fonctionné au maximum des possibilités du lieu – on était au taquet mais globalement, on s’en est bien sortis. On a pu voir que le lieu réagissait bien en termes de circulation et d’équipement. Le deuxième soir était plus tranquille, mais la programmation amenait ça.

Par contre, on a eu un bémol : on a fait le choix d’avoir une scène pas très haute, à la fois pour garder la proximité avec le public qu’on avait dans l’ancienne Bobine, et en même temps sous la contrainte d’avoir l’espace nécessaire entre la scène et les lumières. Et quand on a un groupe qui, comme Bratsch, joue assis, on s’est rendus compte qu’il nous fallait absolument des praticables.

Niveau acoustique, vous avez dû également être rassurés ?

Oui, d’autant qu’il y a eu énormément de travail à ce niveau-là, autant dans la salle que dans les studios. En plus, il se trouve qu’on a mis en place un système numérique, en partenariat avec deux sociétés du Grésivaudan. Tout ce qui est micro, analogique, le lien entre le plateau et la régie passent par des biais numériques. Ça nous permet de tout câbler en étoile, et d’enregistrer tous les concerts, avec une très bonne qualité de son.

Le budget de ce déménagement n’a-t-il pas été trop écrasant ?

La part totale, à partir du moment où on a été maître d’ouvrage, se monte à 1 200 000 euros. On intervient à hauteur de la moitié en fonds propres, le reste vient des collectivités, la Ville de Grenoble, la Région, et le département.

Considérant le lieu tel qu’il est aujourd’hui, son équipement, sa fonctionnalité, ce qu’était le bâtiment avant, le budget est plus que raisonnable. L’objectif est d’honorer notre emprunt sur huit ans, et si ça se développe mieux que dans nos prévisionnels, ça nous permettra de mieux rémunérer les salariés, les artistes, et d’améliorer les conditions d’accueil techniques autant des artistes que du public. L’intérêt du statut associatif, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, c’est qu’on peut réinvestir dans le concret.

Êtes-vous restés libres dans votre projet éditorial ?

On a été clairs dès le départ là-dessus avec toutes les collectivités, et tout le monde a joué le jeu, c’est un bon exemple de collaboration entre une asso et une collectivité. On est partis sur une base de confiance dès le départ, du coup les choses sont allées vite pour valider l’emplacement et le budget. En plus, le projet s’est lancé juste avant les élections, tout le monde nous disait « attention, ce sont des promesses, vous n’aurez rien », et puis finalement ça s’est fait.

Après, on garde toujours notre vigilance, on a toujours tenu ce discours auprès des collectivités : ce qu’on veut protéger avant tout c’est notre projet associatif et culturel. On est bien conscients que si la ville nous a proposé d’être là, c’est qu’elle y a ses intérêts. Chacun s’y retrouve, mais l’asso garde le dernier mot sur l’utilisation de l’espace intérieur, l’ouverture sur le parc… On dit depuis le début qu’on ne veut pas simplement devenir la brasserie du parc Paul-Mistral. Notre priorité reste l’accentuation de la visibilité du projet associatif.

L’un des points forts de l’ancienne Bobine était son inscription très forte dans la vie du quartier, comment se passent les choses de ce point de vue-là ?

Au départ, des habitants se sont mobilisés contre la venue d’une “boîte de nuit“ dans l’ancien bowling. Puis les choses se sont apaisées à force de rencontrer les gens, qui sont maintenant en attente… On est rassurés pour ce qui est de nos appréhensions quant aux nuisances de voisinage, et on commence à voir, aux repas et aux apéros, des gens de tous âges qui viennent découvrir le lieu, se l’approprier. On attend de prendre nos marques.

Inauguration de la Bobine
Samedi 6 février dès 12h, à la Bobine, 42 boulevard Clémenceau

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