Alors que le musée de la préhistoire de Solutré, en Saône-et-Loire, rouvre tout juste ses portes après réhabilitation, balade dans des collections considérablement enrichies mais aussi sur la célèbre roche homonyme où se croisent, au-dedans comme au dehors, des émanations de la préhistoire. Nadja Pobel
À chacun ses "dinosaures". À Solutré, il y a donc, encastré au bas de la roche, un musée de la préhistoire refait à neuf, et au-dessus un haut-lieu du socialisme. En effet, depuis 1946, des amis issus de groupes locaux de la Résistance avaient pris l’habitude de s’y retrouver le dimanche de Pentecôte. Parmi eux, François Mitterrand qui, bon an mal an, honora jusqu'à sa mort ce rendez-vous de plus en plus médiatisé.
Depuis dix-neuf ans, exit le chien Baltique et la mitterrandie d’une autre ère, la roche a retrouvé son calme et reçu l’an dernier des ministères de l'écologie et du redressement productif le treizième des quatorze labels "Grand site de France" distribués à ce jour en France. Delphine Batho, alors titulaire du portefeuille écologique, argumentait que ce site de Solutré-Pouilly-Vergisson, de son nom exact, « constitue un ensemble patrimonial prestigieux autant qu'un très beau paysage viticole » et qu’il est « un haut lieu de la Préhistoire, fréquenté par l'homme depuis plus de 50 000 ans ». C’est dans cette optique de protection et de mise en valeur conjointe d'un territoire qu’a été remis à neuf ce musée, ouvert en 1987 là où fut découvert au XIXe siècle l’un de plus riches gisements préhistoriques d’Europe.
Scénographie de la faille
Au terme de six mois de travaux, le musée a choisi de recentrer son propos sur les spécificités de sa situation pour ne pas se perdre en généralités. En quatre temps (la présence humaine, la chasse, l'histoire des recherches menées, la chasse en tant que mythe), il expose des dessins, propose de petits films sur les gestes de la préhistoire mais, surtout, présente dans des vitrines découpées en formes de failles un grand nombre d’objets donnant une belle consistance au quotidien de nos ancêtres.
La collection s’est en outre enrichie d'apports issus du département de géologie de l’université Lyon 1, de la commune voisine de Paray-le-Monial, ainsi que du futur musée des Confluences de Lyon, à l'instar, par exemple, d'un squelette de cheval complet (l'animal le plus convoité de l’époque), d'une dent d’ours entaillée ou de pointes de sagaie en os. Mis à portée des enfants avec des bornes interactives et de nombreuses animations durant l’été, le musée de Solutré complète cette offre d'un vrai souci scientifique et de transmission des savoirs. En attendant, peut-être, de retrouver les traces enfouies d'un socialisme actuellement porté disparu…
Musée de la Préhistoire
À Solutré (Saône-et-Loire)
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