Les dessous d'une acquisition

La vie d'un musée se partage entre expositions temporaires et collection permanente. Mais comment choisit-on de faire rentrer une nouvelle pièce dans cette dernière ? Quelle procédure est suivie ? À l'occasion de la récente acquisition du piano d'Hector Berlioz par le musée de la Côte-Saint-André, nous avons interrogé Valérie-Aube Pellier, directrice adjointe de la culture et du patrimoine pour le département de l'Isère, collectivité qui gère une dizaine de musées départementaux comme le Musée dauphinois, le Musée archéologique ou le Musée Hébert (pour ne citer qu'eux). Charline Corubolo

Pourquoi les musées départementaux acquièrent-ils des œuvres ?

Valérie-Aube Pellier : La fonction des musées est de conserver certains objets, d'avoir des connaissances sur ces objets, matériels ou immatériels d'ailleurs, et de les valoriser, c'est-à-dire de les faire connaître au public. Dans le cadre de ces trois missions, on a donc besoin pour chaque musée de collecter des objets qui racontent l'histoire dont on a la charge, comme le Musée dauphinois avec des pièces plutôt du quotidien.

Comment se fait le choix d'une pièce ?

L’œuvre doit être représentative, presque rare ou en danger de disparition. On va essayer aussi de ne pas avoir de multiples et de rationaliser les réserves, sauf si les pièces sont particulièrement rares et qu'on sait que ce sont les deux seules. Le choix se fait donc vraiment par rapport au propos du musée, savoir si la pièce n'est pas conservée ailleurs, si on n'en aura pas un autre exemplaire.

Au niveau administratif, quelle procédure est suivie pour une acquisition ?

Au département de l'Isère, on a une enveloppe d'acquisition qui est votée au budget par les élus à chaque début d'année. Au cours de l'année, parce qu'on va être sollicités par des propriétaires privés, par des revendeurs, ou parce qu'on surveille aussi les ventes publiques, on va repérer un objet pour un musée ou pour une archive départementale. Mais souvent ce sont les institutions qui repèrent une potentielle acquisition. Chaque mois se tient une commission d'acquisition où sont réunis tous les conservateurs des musées et des archives et on débat ensemble de l'intérêt ou pas de la pièce, de la faire rentrer dans collection. Si l'avis est favorable, la direction de la culture et du patrimoine acquiert l’œuvre pour l'établissement demandeur.

Donc, pour le piano d'Hector Berlioz récemment acquis par le musée du même nom à la Côte-Saint-André, c'est la direction de la culture et du patrimoine de l'Isère qui a acheté l'instrument ?

Oui. L'enveloppe d'acquisition est partagée au niveau de la direction. Il s'agit véritablement d'un moyen donné à la direction de la culture et du patrimoine pour l'ensemble des établissements, c'est une enveloppe commune. Cependant, il faut faire une distinction : une acquisition est parfois faite à titre onéreux, c'est-à-dire qu'on achète à quelqu'un, ou il peut s'agir d'un don, sachant qu'on examine la pièce dans tous les cas. On ne peut pas tout récupérer, sinon les réserves seraient saturées.

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