Lettre ouverte aux élus du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes

Début mars, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et son président Laurent Wauquiez ont annoncé fièrement que Tomorrowland, l'un des plus gros festivals du monde basé à Anvers, installerait du 13 au 15 mars 2019 une édition hivernale à l'Alpe d'Huez (Isère). Et ce avec 400 000 euros de subvention. Une décision politique à laquelle ont souhaité réagir de nombreux acteurs culturels régionaux évoluant dans les musiques actuelles, via une tribune. La voici.


Nous, acteurs culturels étiquetés "musiques actuelles" de la région Auvergne-Rhône-Alpes, tenons à réagir au communiqué de presse annonçant l'accueil de la première édition du Tomorrowland Winter 2019 à l'Alpe d'Huez, ainsi que la participation financière de la Région à ce projet, pour un montant de 400 000 €.

Face aux difficultés rencontrées par un nombre croissant de structures de notre secteur depuis quelques années, nous sommes stupéfaits par cette annonce. Nombre d'équipes ont en effet vu diminuer voire disparaître leurs financements régionaux (essentiellement via la suppression des financements liés aux contrats de développement durable Rhône-Alpes), impactant leur activité, lorsque cela ne l'a pas stoppé net. Les conséquences économiques et culturelles sont lourdes, mais la Région n'a jusqu'alors pas réagi aux conséquences de ses décisions.

« Nous participons au rayonnement de notre région »

Parallèlement, nous voyons fleurir la communication autour de la « préférence régionale » partout sur nos territoires, mais nous avons pourtant l'impression que le conseil régional, à travers cette nouvelle annonce, oublie ou écarte ses acteurs culturels régionaux.

Nous sommes nombreux, nous sommes partout, sillonnant villes et campagnes, et nous nous battons tous les jours pour développer, coopérer, créer, exister. Nous participons quotidiennement au rayonnement national et international de notre région et à son développement économique, culturel, social et touristique. La diversité de nos activités (programmations, actions culturelles, médiation, accompagnement artistique, etc), que nous menons en toute concertation avec les acteurs des territoires, est un facteur important du dynamisme de la région.

Nous avons la chance d'habiter une région riche de ses acteurs culturels (qui offrent qualité et diversité), riche de son public qui répond présent et reste curieux et ouvert à la découverte. Nous souhaitons donc poursuivre notre travail et, pour ce faire, renforcer la coopération avec les services de la Région qui devraient pouvoir trouver sur leur territoire des opérateurs à même de proposer des projets pertinents en répondant à un double objectif d'exigence artistique et d'accessibilité à un large public.

Ensemble nous représentons :

- 120 structures,

- 180 professionnels permanents (et des milliers d'intermittents),

- 7 000 bénévoles,

- 26 millions de chiffre d'affaires,

- et 700 000 personnes en public réunis sur nos manifestations.

Ensemble, nous représentons une partie de la richesse et la diversité culturelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes. À travers cette lettre, nous souhaitons questionner la cohérence d'un financement régional à destination d'une structure commerciale extra-régionale lorsque des opérateurs régionaux (œuvrant de surcroît dans des logiques non-lucratives) sont mis à mal par des suppressions de budgets.

« Quels sont les critères justifiant le montant de l'intervention régionale ? »

Combien de festivals en Auvergne-Rhône-Alpes bénéficient de tels financements ? La nature économique (25M€ de chiffre d'affaires annoncé pour l'édition belge du Tomorrowland) et artistique (programmation essentiellement orientée vers des esthétiques commerciales) intègre-t-elle la définition d'une politique culturelle régionale ambitieuse ? Quels sont les critères justifiant le montant de l'intervention régionale ? Cette position est-elle un pas vers la revalorisation des autres festivals de musiques actuelles qui rayonnent au moins tout autant que Tomorrowland ? Une étude d'impact d'une telle manifestation vis-à-vis des festivals et établissements régionaux déjà existants à ce jour a-t-elle été menée ? De même, l'impact environnemental sur l'espace naturel de l'Alpe d'Huez est-il mesuré ?

Le secteur culturel est un écosystème, avec des petites et des grosses structures irrémédiablement liées, des initiatives privées et publiques imbriquées, et un travail au long cours pour mailler un territoire. Abandonner un maillon de la chaîne, c'est aller vers une uniformisation de l'offre, c'est condamner l'avenir.

Nous vous interpellons aujourd'hui pour vous rappeler d'avoir confiance en ces milliers d'hommes et de femmes du territoire qui travaillent pour que la région Auvergne-Rhône-Alpes rayonne aussi par sa richesse culturelle.

Premiers signataires :

Bass Tension (69) – Bizz'Art Nomade (26) - Candy Groove (69) - Château perche (63) - Collectif LAEA (26) - Crossed Lab (69) - Démon d'or (69) - Esperluettes (42) - Evasion Festival (69) - Exoria (69) - Face B (42) – Festirock (38) - Festival de la Croix Rousse (69) - Festival du Tonton (38) - Flower Coast (63) - FZL // Foreztival (42) - GreenPiste Records (43) - Hadra Festival (38) - Jack Jack (69) - Jarring Effects (69) – Jaspir (38) - King tao (26) - L'Amperage (38) - L'autre-Parleur (63) – L'œuf Big Band (69) - La Chaudière Production (69) – La curieuse (26) - Les Amis du Travailleur Alpin (38) - Lamastrock (07) - Les nuits de la roulottes (73) - Les Vieilles Pierres (42) - Magic Bus (38) – Mediatone (69) - Mix'Arts (38) - Moulinstock (38) - Periscope / Holocene (38) - Riddim Collision / AFX (69) - Rock on the l'Oule (26) - Sand Music (38) - Shoot It (69) – Sylak (01)- Totaal rez (69) - Transfer Festival (69) - Vibrations sur le fil (69) - ZAMM / Ze festival (26)

Si vous souhaitez être signataire de cette lettre, vous pouvez contacter Laure Pardon // FZL-Foreztival, Jérôme Laupies // Mediatone, Sylvain Nguyen // Le Périscope (référents du collectif) sur collectif.musique.ara@gmail.com

Ils nous ont rejoints :

 Alpine Records (74) - Anamouto / Col des 1000 (38) – Artisans d'Histoire (07) - Arverne Reggae Festival (63) - Festival des 4 vents (26) - Baam Productions (69) – Bamboox (69) – BartÔJazz (73) - Bass Mountain (73) - Béchamel (69) - Brin de Zinc (73) – Cantal Ink (15) - Chaud comme la Bresse / Nid'Poule Festival (01) – Cold Fame Reccords (69) – Collectif Blaster Blaster (15) - Collectif GMGC (38) - Cosmic Wave Records (69) – Crashmusette (07) – Dans ton Kulte (01) – Discrète (69) – F2F Music (75) – Fat Tuesday Reccordings (26) – Festival Cinemade (69) – Festival des Rockailles (74) – Festival Gully Sound (01) – Festival Pré en Bulles (38) – Festival Saint-Paul Soul Jazz (26) – Fortwin (42) – Global Warming / Dezing'à Pizay (69) – Goosebump (69) - Gram'Off/On (38) – Illegal Imposture (42) – Interaktion Elektro Projekt (69) - La Chinerie (69) – La Chinerie Festival (69) - La Fabrique Production (69) – La Tawa (42) – Là-Haut Si j'y Suis / Festival de Nonette (63) – Le BAM (42) - Le Hangar (69) - Le Lavoir du désert / Festival des Airs de Rue (26) - Les Chineurs de Lyon (69) - Les Enfants du Rhône (69) – Les oreilles en pointe (42) – Les Vaches Folks (01) – Les Vertebrees (26) – Mad Fest (01) – Melting Potage (69) – Mont'en Scène (69) – Mory'Arty (38) - Mus'act (38) – N2Bliss Productions (69) – Nuits Sonores (69) - O'Zenergie (06) – Outrance (69) - P2Z (69) – Particules (69) – Physical Tool (69) - Pole d'intervention artistique (69) - Psycholights (69) - Rock'heyr Festival (01) - Roots'n'Culture (38) - S.K. Records (69) - Salamah Productions (73) – Savuni les Arts (69) – Senoï Project (38) – Syndrome Odyssée (42) – Tapage nocturne (69) – Tartine Production (38) - Techno Génération (69) – The Dare Night (38) - Tools boite à outils culturelle (01) – Un Doua de Jazz (69) – Vibra'Lion (69) - WePlayVinyl (69)


Le texte est du collectif mais les intertitres ont été choisis par la rédaction


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