La bonne aventure

Interview / C’est la bonne surprise musicale de cette rentrée semi ensoleillée. Le nouvel album de Rhesus, “The fortune teller said“, est sur le point de débouler dans les bacs et de les décoiffer avec grâce. Pour fêter ça, entretien avec Laura, bassiste du trio. Propos recueillis par FC

Pour The Fortune Teller Said, il y a eu un quatrième homme présent à vos côtés pendant l’enregistrement, Nicolas Schauer ? Laura : Déjà, c’est le gérant du Périscope, la boîte qui nous fit tourner. On s’est rencontré plusieurs fois comme ça, à l’occasion de concerts. D’autre part, il s’agit du batteur des Wampas, avec qui on avait fait une date pendant un gala étudiant, et c’est à ce moment-là qu’on a pu discuter plus en profondeur, qu’il a fini par nous dire qu’il aimerait bien travailler avec nous sur notre prochain album. On s’est dit après tout pourquoi pas, on l’a revu, on a échangé nos points de vue, ça c’est fait comme ça. Il venait nous voir en répétitions pour jauger des compos à l’état brut. L’énorme avantage, c’est l’apport d’un regard extérieur. À trois, on a souvent du mal à avoir un œil objectif sur nos morceaux, c’était assez agréable d’avoir quelqu’un qui puisse nous aiguiller, qui a une bonne expérience en tant qu’artiste. Est-ce que votre éparpillement géographique à tous les trois – avec toi à Grenoble, Simon à Paris et Aurélien à Berlin – ne joue pas en votre défaveur ?Simon est parti pour Paris depuis un petit moment déjà, donc on avait pris l’habitude d’organiser nos répétitions de façon très structurée, plusieurs mois à l’avance. Aurélien n’est pas à Berlin depuis très longtemps, et c’est vrai que ça amène des complications et de la fatigue, mais je pense que ça lui apporte surtout un champ d’ouverture plutôt intéressant. L’Allemagne, Berlin en particulier, est une source de richesse intellectuelle et culturelle, et on sent que ça lui donne de la fraîcheur, une inspiration au niveau des textes et des mélodies.A posteriori, quel regard portez-vous sur votre premier bébé, Sad Disco ?On en est toujours aussi contents, parce qu’on se rend compte qu’à l’époque on a vraiment fait ce qu’on a voulu. Avec le recul, c’était peut-être pas forcément judicieux de pousser le vice des arrangements, notamment, de faire des choses très très léchées. On a réalisé qu’on n’aurait pas nécessairement dû aller dans ce sens-là, conserver une part un peu plus brute, un peu plus vraie. Ce ne sont pas vraiment des regrets, c’est juste une analyse qu’on a fait après coup, et qu’on a essayé de ne pas reproduire sur cet album-ci. Le but était de revenir à quelque chose de plus authentique.C’est vrai qu’on retrouve sur The Fortune Teller Said une énergie et une spontanéité plus proches de vos lives qui faisaient défaut sur Sad Disco…Pour Sad Disco, on avait composé les morceaux entièrement dans notre local de répétition, on ne les avait pas du tout joué en concert avant de les enregistrer. Là, les compos existaient depuis un moment, elles avaient été testé en public et s’étaient dotées de leur univers propre, on a pu les modifier en fonction de leur réception. Du coup, après que la tournée soit terminée, on a directement enchaîné avec le studio, pour garder cette énergie qu’on pouvait donner sur scène et la transposer sur le disque, quasiment sans transitions. Sur le premier album, on a tellement voulu marquer le coup, accrocher l’auditeur et les radios, qu’on a beaucoup réfléchi en termes de marketing. Il fallait des formats radio, que ce soit beau, léché, qu’on ait envie de l’écouter. Et puis on a percuté que ce genre de raisonnement ne porte pas ses fruits, l’album n’a pas eu plus de retentissements ou de reconnaissance avec ce parti pris. Il y a donc eu cette envie irrésistible de revenir à un son beaucoup plus brut, avec ses défauts. Il y a des morceaux qu’on n’aurait jamais osé mettre sur le premier album, par exemple une piste enregistrée sur un téléphone portable – on trouvait le son tellement unique et particulier qu’on ne pourrait jamais le reproduire, on a posé le micro devant le téléphone et ça se retrouve tel quel sur le CD.Vous avez passé le stade de l’autocensure ?À l’époque on n’a pas vécu ça comme une autocensure, ça nous paraissait naturel. On se disait voilà, on est un groupe français, on chante en anglais donc déjà on n’a pas beaucoup de chances à la base, alors en plus il faut vraiment mettre toutes les chances de notre côté parce que c’est sûrement le seul et unique album qu’on sort, et donc on va faire en sorte de maximiser nos chances. Et ça veut dire faire en sorte que les morceaux soient tous prêts pour rentrer en radio. Mais on s’est mis le doigt dans l’œil, ça ne marche pas comme ça. Un morceau aussi bon soit-il, aussi bien arrangé soit-il, aussi léché soit-il n’a pas plus de chances d’être en radio et de toucher plus de gens. Ça partait d’une bonne intention, mais on s’est rendu compte que d’un point de vue artistique faut rester vrai, ne pas chercher à essayer de rentrer dans le moule à tout prix pour avoir sa place.

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