Kora corps

Musique / Grâce à l’association Piment Vert, Madina N’Diaye est cette semaine à Grenoble. Après avoir dispensé quelques morceaux et une master class à une poignée de chanceux en ce début de semaine, la grande interprète malienne sera sur la scène de l’ADAEP ce mercredi 29 mars. Un événement à plus d’un titre pour les amateurs de sonorités africaines, puisque la musicienne pose ses valises à Grenoble pour la première fois, et que ce bout de femme s’impose, avec force abnégation et courage, comme l’une des rarissimes interprètes féminines de la kora, instrument mandingue traditionnellement réservé aux griots. Une belle revanche sur la tradition elle-même, orchestrée par-delà toutes les défiances conservatrices : selon la légende, la kora fut à l’origine l’apanage d’une femme-génie recluse dans une grotte de Gambie, avant qu’un griot, puissamment ému par le potentiel émotionnel de l’instrument (une calebasse surplombée d’un manche comptant 21 cordes), ne se l’accapare et en transmette l’apprentissage de génération en génération. En 1990, l’homme qui offre à Madina N’Diaye sa première kora n’est autre que Toumani Diabaté, descendant du griot de la légende (oui bon, je vous l’accorde, de là à y voir une expiation karmique, faut peut-être pas abuser). Madina s’entraîne, perfectionne sa technique auprès des plus grands maîtres en la matière (Djelimadi Cissoko, Mady Kouyaté ou Djélidjan Kanté). En 1995, elle croise le chemin du groupe Lo’Jo, collabore musicalement avec les musiciens en dépit de l’affliction qui s’apprête à la frapper. En 2003, une infection du nerf optique la prive de vision, mais aucunement de l’urgence d’exprimer son art. Elle enregistre le lancinant Bimogow à Bamako l’année d’après, et se prépare à sa première tournée européenne. Si le CD pêche quelque peu à l’usure, via un travail de production qu’on devine précaire, on y devine la force de son interprète, qui nous livre ici le bilan provisoire de 15 années d’expression musicale assidue, envers et contre tous. FCMadina N’Diayele 29 mars à 20h30, à l’ADAEPAlbum : “Bimogow“ (Harmonia Mundi)

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