On the road again

Musique / S’il est un groupe atypique et inclassable, Lo’Jo est de ceux-là. Sans frontière ni barrière culturelle d’aucune sorte. Un goût immodéré pour la liberté, qu’elle soit artistique ou politique. À l’image de l’incroyable aventure de ce Festival au désert, bâti au Niger en plein cœur du pays touareg, où se croisèrent Robert Plant et Tinariwen. Carnet de route par son chanteur Denis Péan. Propos recueillis par Arnault Breysse

Sur votre dernier album, il est question du Festival au Désert dont vous êtes à l’initiative et aujourd’hui en retrait. Que retiendrais-tu de cette aventure ?Denis Péan : Je m’y suis fait des amis, des frères. On savait pas où on allait, il faut y aller avec beaucoup de délicatesse. Ce pays est multiple, son histoire tourmentée. Il y a eu la rébellion, l’exil, des dissensions internes au sein du peuple touareg. Il faut connaître un peu son histoire pour s’y aventurer. C’est une lourde charge, il a fallu passer le relais à d’autres. Cela devenait un peu gros pour nous mais on y retournera. C’est très bien pour les gens de là-bas et les artistes qui doivent se faire connaître. Il est maintenant entre leurs mains.Lo’Jo vit depuis 82. Qu’est-ce qui vous fait encore avancer ? Ça a l’air de faire longtemps mais j’ai l’impression de commencer, d’être enfin arrivé à rendre cohérent un ensemble. Pour ça il a fallu du travail, apprendre à s’organiser en groupe, humainement et professionnellement.Tu te considères comme un artisan ou un artiste ?Je ne me considère pas, je sais ce que je suis. Un musicien, un chanteur, un compositeur, un voyageur. Quelqu’un qui élabore avec les autres un plan de vie commun. Au sein d’un rythme de vie chargé, qui se passe à la maison et sur la route, à aller de pays en pays, de ville en ville. De côtoyer des mégapoles européennes, américaines ou un village de brousse.Toujours ce fil rouge du voyage et de la découverte de l’autre…On a été longtemps sans aucune opportunité pour bouger. En 1988 on a eu la chance de rencontrer la compagnie Joe Bitume et son cirque forain. Ils nous ont emmené avec eux pendant 4 saisons dans leur caravane à travers l’Europe. On a pris goût à ça. On a toujours basé nos frontières sur le rapport aux autres et non dans l’ordre des nations. Bazar Savant pourrait être votre carnet de voyage…Notre musique se dessine comme une fresque du monde avec ses interrogations et sa profondeur. On rapporte les paroles des uns et des autres, on les transmet en forme d’images sonores, de métaphores, organisées dans quelque chose de plausible, avec une grande silhouette générale et des ornementations. Il y a aussi un message, quelque chose d’obsédant qui traverse tout ça, qui relate le fin fond de l’existence de tout à chacun.Avec un début au paradis et la fin pas très loin…Exactement. C’est la vie telle qu’elle se déroule devant nous sans vraiment de jugement, même s’il y a aussi une provocation, un message politique. Et puis j’aime bien la formule de l’énigme. C’est aussi un jeu d’incertitudes. Vous allez vous produire au 145, en terrain barbarin…On s’est rencontré dans un hôtel polonais, dans une grande fête de famille. À l’aube j’ai vu apparaître quelques Barbarins... On est restés amis. On s’est toujours invité les uns les autres. Brumaud est même venu à pied de Grenoble pour nous rejoindre avec sa guitare. Une histoire s’est nouée, de gens à gens, de ville à ville. Lo’Jole 5 mars à 20h, au Théâtre 145Album : “Bazar savant” (Emma Production/Universal 2006)

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