Musique / Alors que les medias achevaient leur montée priapique sur leur "nouvelle chanson française", le grand Jacques Higelin voguait encore une fois à contre-courant. Coincé depuis trois années intensives dans un mystérieux nouveau projet, l'artiste avait de son propre aveu besoin d'une respiration. Ce souffle, il allait le trouver en se replongeant dans le répertoire de Charles Trenet. Un ancien compagnon de route, qu'il fréquentait en marge de l'effervescence du trio qu'il formait avec Brigitte Fontaine et Areski Belkacem. On peine à imaginer la rencontre du rocker d'alors avec le poupon rose déjà vieillissant, et pourtant le fou chantant devait léguer à Higelin son amour inconsidéré des rythmiques Jazz et Swing. Mais pour ce projet, le grand Jacques ne s'enfonce pas pour autant dans la seule nostalgie bon enfant, même si cet aspect se fait jour au détour des morceaux choisis (l'immense majorité étant issue des jeunes années de Charles Trenet). La démarche, concoctée en bonne intelligence avec son comparse musicien Dominique Mahut, est de procéder à une réappropriation infiniment personnelle de textes, d'en relever les surréalismes, de les éclairer sous un nouveau jour. Quitte à transformer l'a priori paisible Papa pique et Maman coud en manifeste de rock furieux... Higelin assaisonne ses reprises d'orchestrations épurées, mais se destine à les transfigurer sur scène, avec sa générosité coutumière. Sur CD, certains textes sonnent d'ailleurs comme s’ils étaient les siens. Et preuve ultime que le spectacle ne se fige pas dans la simple commémoration déférente, bon nombre de spectateurs félicitent régulièrement l'artiste pour ses nouvelles compositions... FCHigelin enchante Trenetle 18 novembre à 20h30, au Grand AngleAlbum : "Higelin enchante Trenet" (EMI)`
