Dark Disco

Duo électro parisien bénéficiant d’une hype pour une fois amplement méritée, Black Strobe se fendra pour son passage à Grenoble (à l’occasion du deuxième anniversaire de la réouverture du Mark XIII) d’un live-act qui s’annonce d’ores et déjà anthologique. Damien Grimbert

Si depuis quelques années déjà, les sonorités froides et synthétiques héritées des courants musicaux les plus sombres des années 80 (cold-wave, EBM, indus…) ont su, grâce à l’acharnement d’une poignée d’artistes talentueux, trouver leur place sur les dancefloors électroniques, Black Strobe est sans doute le groupe français qui a poussé le plus loin leur intégration à la club culture actuelle. Auteur d’une poignée de maxis ayant rapidement atteint le statut d’anthems (Chemical Sweet Girl, Me and Madonna, Innerstrings…) et d’un mini album les réunissant agrémenté de quelques remixes de choix, le duo s’est également fait connaître, au-delà de ses talents de producteur, par ses pléthoriques et émérites remixes pour un panel de groupes des plus diversifié. Artistes électro confirmés (The Hacker, Dave Clarke, Alex Kid), formations électro-pop (Fischerspooner, Royksopp, Cosmo Vitelli), sensations rock du moment (Block Party, The Rapture), voire stars internationales (Rammstein, Depeche Mode), nombreux sont ceux à avoir fait appels à leur services, pour des résultats souvent probants. Même le tube franchement borderline de David Guetta, The World is mine, devient écoutable après être passé entre leur mains, une performance qu’on peut saluer bien bas... Et alors qu’on croit avoir fait le tour de leur palette, on découvre que Black Strobe s’adonne également au deejaying, non pas à la va-vite, pour cachetonner entre deux lives comme c’est hélas souvent devenu le cas, mais avec une application et une frénésie qui fait plaisir à voir, et n’est sans doute pas la dernière raison de leur succès. On retiendra ainsi leur bien nommé Essential Mix (réalisé pour la BBC en novembre 2004), à l’hallucinant tracklisting réunissant formations mythiques des années 80 (Sisters of Mercy, Killing Joke, Front 242, Depeche Mode encore un fois…) et artistes électroniques parmi les plus incontournables du moment (Metro Area, Château Flight, Miss Kittin & The Hacker, Joey Beltram, Anthony Rother, Terence Fixmer, Ricardo Villalobos… qui dit mieux ?) ; sans doute l’un des meilleurs du genre qu’il nous ait été donné d’entendre ces derniers temps.«De la musique électronique qui n’a pas peur d’effrayer les gens»Dans l’attente de leur premier album (précédé par la sortie d’un fracassant nouveau maxi, Deceive Play) et d’un combo CD/DVD réalisé en collaboration avec le label américain Deaf Dumb & Blind et le city-guide londonien Time Out, on cherchera à expliquer l’éclectisme du duo, qui réunit des genres aussi disparates que la bleep house et le rock gothique, par un parcours musical hétéroclite, déjà long d’une quinzaine d’années. Elevé au funk et à la disco par son père, Arnaud Rebotini se rebelle logiquement à son adolescence en intégrant des formations rock plus bruyantes les unes que les autres, avant de parachever son apprentissage musical par une écoute assidue des sonorités hip-hop, electronica et techno, mais également de la musique classique et contemporaine, qui deviendra l’une de ses références principales en ce qui concerne la construction des morceaux. Après quelques premières expérimentations électroniques sous le pseudo Aleph, il sort en 2000 un album solo faisant la part belle à la pop expérimentale, Organique, sous le nom de Zend Avesta. Yvan Smagghe, fils de parents hippies, surmonte quant à lui son rejet viscéral des nightclubs hérité de son adolescence, pour en devenir paradoxalement l’un des plus acclamés représentants quelques années plus tard, après avoir animé pendant plusieurs années l’une des émissions musicales les plus pointues de Radio Nova. En attendant l’albumC’est au milieu des années 90, après avoir officié tous deux au rayon électronique du magasin indépendant de référence Rough Trade, que les deux compères forment Black Strobe le temps d’un morceau devenu culte, Paris Acid City, sorti en 1996 sur la compilation Sourcelab 3, en contre-pied total de la house filtrée (bientôt estampillée French Touch) qui sévit alors à cette période. Mais il faudra attendre 2000 pour que le duo reprenne enfin du service et sorte Innerstring, premier des maxis évoqués plus haut. Rapidement repérés par la référence Trevor Jackson, qui les signe sur son label Output, ils sont chaleureusement accueillis par quelques pointures comme Andrew Weatherall, Laurent Garnier ou DJ Hell, avant de se rapprocher de camarades de jeux comme James Murphy (futur LCD Sound System), le canadien Tiga, ou encore le duo Alter Ego, dont ils remixeront par la suite l’imparable Rocker. Résidents respectifs de deux des soirées les plus en vues de la capitale (Kill The DJ pour Yvan Smagghe, et Sometimes Funky People Are Dressed In Black pour Arnaud Rebotini), le duo s’attelle alors à la préparation d’un live digne de ce nom, qui fera, ce samedi, sa première apparition en terres grenobloises.Black Strobele 24 septembre à l’ADAEP pour le Mark XIII Birthday Party Act II

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