Musique / La révélation de l'année, une jolie fournée de rockers belges et deux ou trois autres gourmandises ; avec Musiques en Stock, la Haute-Savoie pulvérise les records de qualité-prix. Bon, en même temps c'est gratuit...
Emmanuel Alarco
Nada Surf, Joseph Arthur, Feist, les Little Rabbits... Depuis sa création en 2001, Musiques en Stock a vu défiler pas mal de gens plus que fréquentables dans sa programmation. Fait d'autant plus louable que la manifestation est gratuite et que sa ville natale, Cluses, n'est pas forcément ce qu'on pourrait appeler une grande métropole de province. Autre mérite, avoir œuvré dans la continuité en tissant des liens solides avec une contrée musicale attachante : Fargo, le plus américain des labels français. Chris Whitley en 2002, Jesse Sykes en 2003 et Neal Casal l'an dernier ont merveilleusement préparé le terrain pour l'arrivée en fanfare du héros de la maison : Andrew Bird. Avec une poignée de concerts vertigineux et un album tout aussi éblouissant, le Chicagoan fait incontestablement figure de favori pour le titre d'homme de la saison 2004/2005 et sa visite en terre rhonalpine est une grande nouvelle.Caviar pour tousDes mois qu'on se rebat les oreilles avec ses mélodies à tomber, sa voix insolente de facilité, son violon magique... Des mois que l'on ne cesse d'écouter son petit dernier (The Mysterious production of eggs) ou d'évoquer ses mémorables prestations scéniques. Grâce à Andrew Bird, le mot "perfection" a retrouvé ses lettres de noblesse. Car c'est bien lui qui vient à l'esprit à l'écoute de cette musique sensuelle, libérée et débordante d'émotions. Une perfection n'ayant rien de lisse, de démonstratif ou de chiant ; celle d'un type tombé de nulle part avec des folk-songs alambiquées dont émane pourtant une simplicité évangélique ; des tonnes de références et d'envies, assimilées puis agencées avec un mélange bluffant de science et d'instinct, pour un résultat évident et éminemment accessible. Que le plus grand nombre puisse en profiter dans le cadre d'un tel événement nous enchante et nous laisse espérer qu'à ce rythme-là, le joli petit succès dont jouit le bonhomme en France prenne très vite des proportions considérables. Outre cette acmé, le festival offre bien d'autres occasions de se frotter les mains. Emilie Simon qui avec la B.O. de La Marche de l'Empereur (oui, le truc avec les pingouins) a confirmé que derrière quelques minauderies agaçantes se cachait bien une musicienne inspirée ; les triplettes de Belgique, Zita Swoon, Soulwax et Hollywood Porn Stars, pas forcément nos chouchous dans le genre, mais capables de bien belles choses (de toute façon les Belges sont des êtres supérieurs !) ; l'étonnant projet de Serge Teyssot-Gay avec K. Aljaramani, joueur de oud syrien et peut-être même la bonne surprise que pourrait créer Stephan Eicher en renouant avec les concerts solos de ses débuts et pourquoi pas, avec sa superbe d'alors.Musiques en StockDu 6 au 9 juillet (Cluses, Savoie)
