Les trentenaires perdus

la nuit nous appartient / Au gré de ce tour d’horizon des établissements de nuit récemment ouverts sur Grenoble, le constat s’est imposé : la clientèle des trentenaires est devenue le beau parti à conquérir pour impulser du renouveau à notre night locale. Rencontres avec ceux qui essaient de lancer le mouvement. FC

# LE PALAZZOC’est une figure incontournable de la nuit grenobloise qui nous présente le lieu. Camille, connu pour ses offices au Vertigo, a parié sur l’ouverture d’un nouvel établissement dont la déco évoque le fameux club du centre ville en plus lumineux, mais dont les objectifs sont tout autre. «C’est un endroit qui est destiné – mais pas réservé – à une clientèle de trente ans et plus. Quand je dis trentenaire, c’est un état d’esprit qu’on recherche, on ne va pas demander la carte d’identité à l’entrée. Ce public va au Vertigo, mais plus pour la musique. Après, ils ont besoin de nouveauté, qu’on les motive, qu’on leur amène du changement». Camille a 22 ans de métier derrière lui, il a vu les générations de noctambules se succéder, les loisirs muter vers d’autres impératifs pour les piliers nocturnes. Le besoin de trouver en permanence le moyen de casser sa routine, de sortir du ronron quotidien dans des lieux synchrones à ses envies. L’impulsion démarre lentement, avec des soirées apéro-club le jeudi (de 19h30 à 4h), avec dégustations en tous genres, des soirées événementielles occasionnelles, et une ambiance bar / club / discothèque les vendredis et samedis (de 22h à 4h). Le Palazzo entend proposer à ses visiteurs un cadre différent, tout en titillant une fibre nostalgique. «20 ans en arrière, ce lieu s’appelait déjà le Palazzo. Il avait ouvert le 31 décembre 1986 pour fermer six ans plus tard, avant de devenir la Via Notte, ou le Liquid… À cette époque j’étais étudiant, je sortais, et le Palazzo était un lieu de vie nocturne réputé. On n’a pas voulu le reproduire ou le faire varier, on a voulu dire que des endroits qui faisaient bouger Grenoble avaient existé, et que ça peut de nouveau être le cas, poser la question de savoir pourquoi cette clientèle ne sort plus. Il y a une morosité qui s’est installée, due à une politique menée par des établissements qui prenaient les gens pour des clowns, qui ne les prenaient pas à leur juste valeur. Il ne faut pas aller nécessairement chercher des trucs branchés d’ailleurs, mais prévoir de se s’adapter au public de Grenoble. Installer cette ambiance conviviale, c’est la chose la plus simple mais le plus délicate également».LE PALAZZO / 7 avenue de Vizille (04 76 09 30 83)# POP’ARTBon, crevons l’abcès comme ça c’est fait. On s’est demandé tout le long de l’entretien où est-ce qu’on avait déjà vu Baghdad, qui nous a accueilli dans la blancheur quasi aveuglante des salons du Pop art, et après vérification auprès d’un informateur qui se reconnaîtra, il a bien participé à une fameuse émission de télé. Parce que la citer serait avouer l’avoir regardé, et surtout parce que Baghdad a eu l’élégance de ne pas aborder le sujet pendant l’entretien, on s’abstiendra et on passera au sujet qui nous intéresse réellement. Le Pop’Art prend le relais du Daya rue des Alliés, avec plusieurs changements : l’ambiance musicale demeure, avec quelques variations pour s’adapter à une clientèle voulue plus huppée, mais l’aspect bar lounge a été gommé au profit d’une dénomination Club House. La carte change au profit de saveurs méditerranéennes renouvelées par le menu tous les six mois ; les lundis et mardis sont calmes, le mercredi voit arriver des performances de groupes live, le jeudi est réservé aux soirées événementielles (type lancements de produits, défilés ou autres), et les vendredis et samedis sont orientés club. «Le changement de style du lieu a été perçu de deux façons : ceux qui disent cash qu’ils n’aiment pas, qui regrettent l’ancien Daya, et ceux qui considèrent qu’au bout de quatre ans, il fallait changer. On veut être dans la continuité et on espère faire aussi bien que la Daya». Depuis l’ouverture le 4 août dernier, le Pop’Art a profité d’un effet de mode positif, mais souhaite anticiper une potentielle chute de fréquentation en multipliant les propositions de soirées. «Je veux clairement être de ceux qui vont faire redécoller la nuit grenobloise, et pour cela, il faut le plus de partenaires et d’alliés possibles, et pour moi, ça veut dire les concurrents. Il faudrait qu’on arrête de se considérer en termes de concurrence, qu’on travaille tous dans le même sens. Il faut arriver à faire sortir les grenoblois, plus on en aura dans les rues mieux ce sera».POP’ART / 105 rue des Alliés (04 76 22 81 49)# LE RED LIGHTL’enseigne ne paie pas de mine, retranchée au sein de la lointaine route de Lyon. Mais quand on pénètre à l’intérieur du Red Light, on se retrouve à l’intérieur d’un imposant espace de 300 mètres carré, truffé de fauteuils rouges vifs, garni de deux bars gargantuesques et de spotlights balayant ce large espace dans tous les sens. D’où la question, qu’on n’a pas vraiment posé comme ça, au dénommé Laurent : what the fuck ? «C’est un pub de nuit ouvert de 18h à 1h (pour l’instant), tous les soirs du mardi au samedi. Avec des soirées typiques : mardi soirée rock, mercredi soirée salsa, jeudi soirée à thème, vendredi et samedi soirées club. On a quelque chose d’inédit : le 2e jeudi de chaque mois, on fait une working girl party, réservée aux filles jusqu’à 22h, elles ont un buffet à disposition, elles sont en happy hour, et on met à leur disposition un coiffeur, une esthéticienne, une masseuse, une manucure totalement gratuites pour elles. Et un chippendale pour faire plaisir à ces demoiselles jusqu’à ce que les messieurs aient le droit de rentrer». Justement, le nom Red Light, c’est une référence au club parisien homonyme ou au Quartier Rouge d’Amsterdam ? «C’est beaucoup de choses, d’abord la couleur dominante du lieu c’est le rouge. Après, je dirais que c’est plus en rapport avec Paris qu’Amsterdam, qui est quand même assez connoté… On veut dire aussi qu’on est sur une ligne rouge, qu’on essaie de faire des choses sexy, mais pas sexe. Le terme sexy est un peu compliqué, on va aller imaginer qu’on va trouver des jeunes filles belles, des messieurs beaux, et ça n’aura pas de connotation sexuelle. On va être bien habillé, maquillé, en décolleté, la gogo danseuse n’elèvera que le haut si elle enlève quelque chose et ce sera de la danse, vraiment un spectacle. Il faut que ça reste soft, et le maître mot c’est que tout le monde se fasse plaisir, y compris le personnel».LE RED LIGHT / 47 route de Lyon (04 38 02 07 35)

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