Sélection électro

DJ BlaqstarrKing of Roq(Mad Decent)Encore méconnu du grand public, DJ Blaqstarr, originaire des bas quartiers de Baltimore, n’en est pas moins en train de devenir un des producteurs électro nord-américain les plus palpitants du moment. Et pour cause, sa musique, explosive et hors norme, ne ressemble à strictement rien de connu. Bien sûr, Blaqstarr s’appuie sur les basses lourdes et rebondissantes qui ont fait la célébrité de la club music de sa ville natale, mais il les subvertit brillamment pour mieux les sortir de leur carcan. Sons futuristes et digitaux, déluges rythmiques, hip-hop bouncy, minimalisme emprunté à la techno de Détroit, boucles vocales entêtantes, King of Roq, sa dernière mixtape en date est un véritable feu d’artifice, à la fois lyrique, mélancolique, et irrésistiblement dansant. Véritable prodige de la bass music, Blaqstarr emmène cette dernière vers de nouveaux territoires, exploitant son impressionnante maîtrise des gammes rythmiques et mélodiques pour mieux la sublimer.Cd disponible sur : www.turntablelab.comCrystal CastlesCrystal Castles(Different / Pias)Depuis Alice Practice, leur premier maxi sorti en 2006, le duo de Toronto Cristal Castles a réussi à fédérer, via internet, un public de fans croissant séduits par leur style hybride. Partagé entre électro-clash new school dopée aux sonorités 8-bits, et ballades émo-pop synthétiques, Crystal Castles, leur premier album éponyme s’avère en permanence sur le fil du rasoir. On s’emballe complètement sur xxzxcuzx me, chant saturé à fleur de peau sur fond de chaos digital gameboy friendly, avant de se demander si tout ça n’est pas un peu trop arty pour être honnête. À l’inverse, on soupire devant la superficialité agaçante du début d’Air War, et on révise rapidement son jugement devant l’évolution surprenante des mélodies. Et puis au bout de plusieurs écoutes, on finit par éprouver une vraie empathie pour ce premier album en dents-de-scie, sorte de plaidoyer faussement crâneur d’une génération Atari qui réclame son droit à l’émotion.Cadence WeaponAfterparty babies(Big Dada)Originaire d’Edmonton, au Canada, le jeune Rollie Pemberton, alias Cadence Weapon, 22 ans tout juste, s’était déjà fait remarquer avec un premier opus électro-hip-hop des plus convaincants, Breaking Kayfabe, tardivement sorti en Europe à l’automne dernier. Le voilà de retour avec un 2e album encore plus réussi, Afterparty Babies, qui balaie énergiquement toutes les réserves qu’on pouvait encore conserver à son égard. Dans la droite lignée d’un Spank Rock, Pemberton est un enfant du hip-hop grandi dans les clubs, adepte d’un son lo-fi ludique et décomplexé et de rythmiques accrocheuses qui constituent autant d’invitations au dancefloor. Excellent rappeur qui plus est, il ne se contente pas d’aligner des singles bluffants d’aisance et déconneurs (In search of the youth crew, Tattoos and what they really feel like…), mais délivre également un regard plus lucide qu’il n’y paraît sur son mode de vie et son époque, bien moins futiles qu’on se complait à les stéréotyper.Various artistsYou don’t know – Ninja Cuts(Ninja Tune)Rarement titre de compilation aura aussi bien porté son nom. Car du label Ninja Tune, on garde souvent une image bienveillante, mais un peu désuète, associée aux heures de gloire de ses premiers poulains (Coldcut, Amon Tobin, DJ Shadow, Herbalizer, DJ Vadim…) et à l’explosion de l’abstract hip-hop à la fin des années 90. Oubliant au passage que le label londonien ne s’est pas arrêté en si bon chemin, et qu’il a également signé, en son nom ou par le biais de ses subdivisions rap (Big Dada) ou rock (Counter), quelques-uns des artistes les plus palpitants des années 2000 (Diplo, Spank Rock, Wiley…). Cette compilation impeccable sur 3 CDs arrive donc pile au bon moment, rassemblant sur près de 50 plages, remixes, inédits, tubes et raretés plutôt piochés, à quelques classiques près, dans les dernières années du label, tout en conviant au passage quelques guests de renom (Switch, Modeselektor…). Au final, le résultat s’avère absolument indispensable, brassant un nombre démesuré de styles musicaux sans laisser à l’auditeur une seconde de repos. De l’excellent travail.Carl CraigSessions( !K7)Issu de la seconde vague de la techno de Detroit, celle qui succède aux précurseurs Derrick May, Juan Atkins, et Kevin Saunderson au tout début des années 90, Carl Craig en est sans doute l’un des plus flamboyants représentants. Artiste extrêmement prolifique, actif sous différents pseudos (Paperclip People, 69 Innerzone Orchestra…), et fondateur du mémorable label Planet E Communications, l’homme n’a donc pas volé cette double compilation commémorative, réalisée avec le soin qu’on leur connaît par l’équipe du label allemand !K7. Mêlant nouveaux morceaux exclusifs, mixes alternatifs de quelques-uns de ses classiques de ces deux dernières décennies, et remixes récents pour Rhythm & Sound, Theo Parrish ou Junior Boys, Sessions est avant tout l’occasion de se reprendre en pleine gueule la maestria inouïe du producteur. Minutieusement pensée, agencée à la perfection, sa musique mêle le chaud et le froid avec une élégance folle, sans jamais céder à la préciosité. Une alchimie ô combien fragile, qui fait toute la splendeur du son de Detroit.DJ HellHellboys(International Deejay Gigolo / Nocturne)Ne passons pas par quatre chemins : sorti il y a déjà quelques mois, cet « italo-megamix » de DJ Hell est de loin l’un des plus beaux hommages rendus à ce genre bancal mais fascinant que constitue l’italo-disco. Réunissant en l’espace de 19 plages la plupart des titres marquants de ce style européen synthétique qui fit les belles heures des discothèques des années 80, Hellboys devrait convaincre avec la même aisance passionnés de longue date et néophytes complets. Scintillante, futuriste, dansante et émotionnelle, l’italo-disco est le pur produit de son époque, et en résume à la perfection les enjeux. Aux frontières du kitsch sans jamais y sombrer complètement, point de convergence improbable entre l’énergie de la disco new-yorkaise, les sonorités électroniques de l’électro-funk et la mélancolie de la new-wave britannique, cette galvanisante sélection de perles oubliées, mixée à la perfection par l’emblématique DJ Hell, s’avère tout simplement indispensable. Vous êtes prévenus.

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