Mardi 1 avril 2014 Des nappes de claviers comme autant de couches de poudreuse, une atmosphère enveloppante, des cors résonnant comme des cris de loup, une rythmique (...)
L’Américain Chris Garneau et les français de Syd Matters sont réunis pour une soirée qui donnerait presque envie d’être mélancolique. Aurélien Martinez
Il y a quelques mois, au sujet du premier album de Chris Garneau, nous écrivions dans ce journal, enthousiastes : « Music for Tourists comporte tellement de belles promesses (Castle-Time, Relief) qu’il ne reste plus à Garneau qu’à nous présenter la prochaine fois cet orchestre qui vit dans sa tête. ».Bonne nouvelle, la prochaine fois, c’est maintenant. La rencontre avec le jeune New-Yorkais est prévue jeudi à la Maison de la Musique de Meylan : on est tout excité.
Pour rappel, son Music for Tourists est un véritable petit bijou mélodieux et cotonneux porté par une voix légèrement androgyne. Une sorte de pop de chambre toute de piano vêtue, quelques fois à la frontière de la James-Blunt-mièvrerie, mais néanmoins mélancoliquement touchante. Une musicalité fragile qui séduit immédiatement, sans forcément en mettre plein les oreilles avec du lacrymal hystérisant très en vogue en ce moment. Allez faire un tour sur le net, ses vidéos de concerts piano-voix laissent présager du meilleur.
La filiation aussi : pour présenter Chris Garneau, sont évoqués Sufjan Stevens ou Elliott Smith pour le timbre (il a magnifiquement repris Between the bars, l’un des titres de ce dernier), Antony & The Johnsons pour les mélodies. Niveau comparaison, on a vu pire.
Clara Sheller et Victor Hugo
La soirée promet donc d’être passionnante ; d’autant plus que comme la Maison de la Musique a très bien fait les choses, le groupe de pop française Syd Matters sera également de la partie. Premier gagnant du concours jeunes talents des Inrocks (le fameux CQFD pour “ce qu’il faut découvrir”), la formation emmenée par Jonathan Morali est elle aussi dans une veine très mélancolique, à chercher plus du côté folk (Black and white eyes, figurant au générique de la série Clara Sheller, en est une très belle démonstration). Bref, de réels poètes maudits écorchés vif comme on aime !
Ghost Days, le dernier album en date du groupe, est volontairement dépouillé, résolument placé du côté de l’acoustique. Près des guitares sèches d’adolescents, on trouve ainsi dans la chambre de Syd un piano et un violon, pour un rendu aérien comme à l’accoutumée ; très calme – aucune chanson ne se prête à la boum, ce qui n’est pas pour nous déplaire – mais néanmoins envoûtant, limite hypnotisant, tel Everything else, le titre d’ouverture d’une beauté sidérante. «La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste» disait Victor Hugo : on ne fera pas mieux. Fermez les yeux, laissez vous emporter, la musique adoucit les mœurs… Mais n’oubliez pas de les rouvrir jeudi soir, c’est mieux lors des concerts, vous verrez…
Chris Garneau + Syd Matters
Jeudi 9 oct à 20h, à la Maison de la Musique de Meylan
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