Punish Yourself : joyeuse apocalypse

Groupe phare de l’électro indus made in France, les toulousains de Punish Yourself reviennent de par chez nous ce samedi, avec la promesse d’un show toujours aussi impressionnant.

La note d’intention du groupe à l’adresse de son public est très simple, elle se résume en une phrase à l’évidence indiscutable, brandie par les artistes comme un bouclier encore sanguinolent des joutes passées : « Enjoy it or go fuck yourself » (appréciez ou allez vous faire empapaouter). Les plus sagaces d’entre vous en auront retiré deux enseignements : si vous êtes d’humeur délicatement rimbaldienne, l’écharpe au vent, les yeux dans le vague, fuyez à toutes jambes ; et pour pénétrer l’univers moite de Punish Yourself, il vous faudra quelques bonnes prédispositions à l’outrance sous toutes ses formes.

Au niveau musical déjà, la tolérance aux décibels vous sera d’une grande aide, le punk métal indus électro-friendly n’est pas spécialement un genre musical qui s’écoute au coin du feu avec une camomille – des morceaux aux titres aussi fleuris que Gimme Cocaine, Suck my TV ou Gay boys in bondage (les plus tarés d’entre vous auront apprécié l’hommage au sketch Elizabethan Pornography Smugglers des Monty Python) s’écoutent même l’oreille collée à l’enceinte.

Ensuite, comme vous l’aurez remarqué, les sbires de Punish Yourself donnent de leur personne quand il s’agit de monter sur scène : outre les looks de zombies clubbers, leurs performances se couplent souvent avec des perturbations chorégraphiques grotesco-burlesques, de la pyrotechnie, des vidéos explosives ou encore l’immixtion avec des machines étranges faisant beaucoup d’étincelles.

Droit au but

De fait, écouter un CD de Punish Yourself, c’est un peu comme regarder un film sans l’image, il ne vous faut pas trop longtemps pour percuter qu’il manque quelque chose. Les compos du groupe, pour efficaces qu’elles soient, restent dans leur grande majorité, avouons-le, des condensés artistiquement assez minimalistes de ce que les 20 dernières années ont produit de meilleur en termes de sons abrasifs, d’Alien Sex Fiend à Atari Teenage Riot en passant par le métal et la hardtek. Des guitares qui hurlent, des beats monstrueusement puissants, des loops autistes, et des lyrics franchement épurées pour accentuer le côté rouleau-compresseur de chaque track…

Comme le confirme la vision d’un de leurs concerts, les morceaux sont faits pour être assimilés rapidement par l’auditoire, qu’il en appréhende la mécanique presque instinctivement, qu’il soit en mesure d’en vociférer le refrain au bout d’un couplet à peine. Si ce parti pris peut exaspérer les puristes sonores (oui, il y en a même dans le métal indus…), il permet surtout au groupe de se concentrer sur ses lives devenus mythiques. Fort de plus de 600 représentations, les membres de Punish Yourself ont assis leur réputation de bête de scène et prouvent à chaque fois qu’elle n’est pas usurpée. Mieux : pour les amateurs de gros son, un live du groupe est un rendez-vous immanquable sous peine de regrets amers.

Méta-groupe

Cantonner Punish Yourself à sa seule "bourrine attitude" serait tout de même un écueil fâcheux. Comme on l’a déjà dit, la musique du groupe pratique le clin d’œil à outrance, y compris dans des sphères plus pointues – les zombies fluo sont ainsi régulièrement rejoints sur scène par Jean-Luc De Meyer, chanteur du légendaire groupe belge new wave Front 242, braconnent sans vergogne du côté des sonorités batcave, kraut-rock ou techno. Leurs morceaux et vidéos scéniques sont truffés de références à la pop culture, aux séries B et Z, pratiquent le sampling sans se laisser totalement bouffer par ce système, mais bien pour en régurgiter une interprétation immédiatement efficace.

En un aboutissement de cette logique, un comic intitulé Deep Inside Punish Yourself (tout un programme) est sorti en 2004 de la plume de Coralie Trinh Thi (ex hardeuse, co-réalisatrice de Baise-moi), chaque chapitre s’inspirant de l’un de leurs titres. Voilà pour l’histoire, les grandes lignes esthétiques et les influences. Maintenant, il ne vous reste plus qu’à aller vous prendre leur concert dans la face.

Punish Yourself
Samedi 30 octobre, à la Bifurk
Dimanche 31 octobre, au Mark XIII (DJ set de vx69 avec Malefice, Lady Hex et Aymeric Ponsart)

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X