De la musique plein les yeux

Le festival Le Tympan dans l’œil s’empare de la mode du ciné-concert pour en proposer un panorama éclectique. Rencontre avec son directeur artistique Damien Litzler, par ailleurs membre du groupe SZ. Propos recueillis par FC

Petit Bulletin : Comment avez-vous découvert la discipline du ciné-concert avec SZ ?
Damien Litzler : On ne la connaissait pas, pour ainsi dire, avant que les Cinéphiles Anonymes, le ciné-club du campus, ne nous contactent pour un projet sur le Scarface d’Howard Hawks en 2008. Ca n’a pas collé sur ce film, mais ils nous ont ensuite proposé de jouer sur Baby Boy Frankie d’Allen Baron, un choix un peu particulier pour du ciné-concert puisque le film n’est pas muet ! Mais du coup on a vraiment intégré la bande-son et les dialogues originaux, comme un musicien supplémentaire. On se permet plus de libertés que sur un concert “habituel“, on bidouille, on expérimente plus, c’est relativement écrit et structuré mais on se laisse des passages plus libres ; on n’est pas dans une logique d’enchaîner les morceaux les uns aux autres, la progression suit l’histoire du film. On a presque fait une cinquantaine de dates depuis deux ans et demi, en France, Italie, Suisse, Slovénie…

Vous avez dû constater que vous n’étiez pas seuls, que le ciné-concert devenait un petit phénomène…
On en voyait fleurir chez les artistes et dans de plus en plus de programmations. Et avec le président de l’association Stara Zagora, qui s’occupe des projets de SZ, on est partis dans l’idée d’organiser un événement sur deux / trois jours à la base. Et puis face à l’enthousiasme des lieux qu’on a sollicités, on s’est retrouvés avec sept jours à programmer ! Sachant que l’association produit trois dates, à la salle Juliet Berto et au Théâtre 145. Pour les dates à la Bobine, à la Source et au Ciel, on est arrivés avec le projet et les programmations, mais les soirées sont financièrement et logistiquement prises en charge par les lieux.

Quel était l’état d’esprit recherché pour l’ensemble des propositions ?
L’intérêt résidait, pour nous, dans une vraie rencontre entre un univers cinématographique et une sensibilité de musicien, ne pas se cantonner à l’idée “classique“ qu’on peut se faire du ciné-concert, avec un pianiste illustrant un film muet en noir et blanc – même si c’est une forme qu’on respecte, et avec laquelle il y aura d’ailleurs des passerelles dans la programmation du festival. On voulait avant tout des propositions qui témoignent de vrais partis pris esthétiques de la part des artistes, favoriser la dimension spectacle. Même si cette forme se porte bien localement, qu’on voit des ciné-concerts apparaître dans les plaquettes de la Source, de l’Hexagone ou encore du festival Berlioz, on voulait vraiment la faire connaître à un large public. Ces croisements peuvent apparaître comme quelque chose de pointu, inhabituel, on reste quand même dans du cinéma et de la musique, soit les deux sorties culturelles privilégiées, on part du principe que ça peut être grand public.

Comment avez-vous réussi à financer le festival ?
Ça a été délicat. On a rencontré les collectivités locales, qui nous ont toutes dit que le projet était super, qu’effectivement il se passait quelque chose avec le ciné-concert, mais que cette année il allait falloir se débrouiller sans elles, qu’il fallait déjà augmenter les aides pour les gros festivals pour suivre l’inflation… Le Conseil Général a réussi à nous débloquer une aide de 1500 euros prévue au départ pour SZ, qu’on a basculé sur le festival. De mon côté, étant encore considéré comme “jeune“ début 2010, j’ai monté un Défi jeune qui a amené quelques centaines d’euros, et enfin on a obtenu un peu de mécénat. Donc au final, pour les trois soirées qu’on organise et la comm’, on est à moins de 5000 euros ; on est prudents à tous les niveaux, avec SZ on ne se paie pas et on est partis sur un cachet fixe avec les deux autres groupes. On peut légitimement dire que dès la première édition, on est en danger pour une éventuelle reconduction puisque les deux premières aides dont je parlais ne seront pas reconduites. La Région et la Ville étaient intéressées, mais attendent de voir comment ça se passe…

Le tympan dans l’œil
Du 30 novembre au 6 décembre, lieux divers.

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