Il vient de là, il vient du blues

C'est l'événement de cette fin d'année : Jon Spencer, mythe vivant du rock'n'roll contemporain (sans lui, pas de White Stripes ou de Strokes), fait escale à Lyon avec son Blues Explosion pour fêter six rééditions discographiques. Benjamin Mialot

N'y allons pas par quatre chemins (pratique d'autant plus inutile qu'ils mènent tous à Rome) : Jon Spencer incarne le rock'n'roll dans ce qu'il a de plus excitant. Tant et si bien que, si le genre venait à s'éteindre et si quelque scientifique se mettait en tête de le ressusciter comme d'autres s'y sont essayés à leurs dépens, c'est à partir de l’ADN de cet Américain aux rouflaquettes couleur pétrole qu'il faudrait mener les recherches. Chez lui, pas de reflux gastriques mortels à la mode Jimi Hendrix, ni de penchant pour le grand écart entre déballage de quéquette et publicité télévisée à la Iggy Pop. La mesquinerie narcissique de Keith Richards, la cyclothymie contre-productive d'Anton Newcombe, la fragilité claviculaire de Kurt Cobain ? On n'en trouve pas trace dans la carrière exemplaire qu'a menée Jon Spencer depuis ses débuts noisy à la tête de Shithaus jusqu'à sa récente apparition au festival événement organisé par le label Matador. Du style, de la sauvagerie, du respect et de l'ouverture d'esprit en revanche, le bonhomme en a à revendre.

On dirait le sud

Des six indispensables rééditions du trio qu'il mène depuis bientôt vingt ans, le Jon Spencer Blues Explosion, on en choisira quatre, une par qualité mise en exergue à la fin du paragraphe précédent. D'abord Extra Width (1993), l'album par lequel tout a commencé : dans le rôle de l'ovule, un blues marécageux et intègre, dans celui du spermatozoïde, un punk urbain et furibard, pour des ébats d'une classe et d'une sensualité folles. Ensuite, Now I Got Worry (1996), brûlot garage d'une intensité à faire passer l'ouragan Katrina pour une petite brise printanière. Puis Controversial Negro, captation live d'où transpire l'admiration du groupe, alors accusé de pervertir les musiques noires, pour le blues de Memphis et la soul de Detroit. Et enfin Acme (1998), dont les incursions hip-hop et électro laissent entrevoir la curiosité de Jon Spencer. Pour en saisir la pleine mesure, il suffit de se plonger, au risque de s'y noyer, dans une petite partie de la liste des personnes avec lesquelles le bonhomme a collaboré : Solomon Burke, Alec Empire, Dj Shadow, Elliott Smith, Beck, Einstürzende Neubauten, Steve Albini... L'événement de cette fin d'année, qu'on vous dit !

THE JON SPENCER BLUES EXPLOSION + THE MAGNETIX
Au Ninkasi Kao, mercredi 8 décembre
«Year One» / «Exra Width» / «Orange» / «Now I Got Worry» /
«Controversial Negro» / «Acme», Shout! Factory

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