Rock / Le visage dissimulé derrière un rideau de cheveux ne laissant apparaître qu’une bouche maquillée d’un rouge pétant – et seulement quand le micro se décale – Shannon Wright vit ses concerts dans un cocon a priori hermétique. Sans accorder au public ni mot ni regard, elle déploie pourtant son univers sonore avec une générosité inattendue, toute imprégnée de modestie. Secret Blood, son dernier album sorti en 2010, fait état d’une âme passionnée moins rugueuse que sur certains des précédents opus, mais plus authentiquement sombre grâce au calme (re)trouvé. Dans une didactique échappant à tout manichéisme musical, voguant entre le vertige d’accords bruts de guitares (comme dans le titre Violent Colors) et la fausse douceur du piano (la ballade précaire Satellites), la voix de l’Américaine saisit l’auditeur dans ce qu’elle parvient à extraire de subtilités aux mélodies s’essoufflant sur son passage. Livrée corps et âme à la scène, la retenue devient salutaire : elle lui évite de finir son concert vide et probablement défragmentée. De passage au Ciel pour la quatrième fois, et dans la région pour la seconde avec cet album, la demoiselle est peu avare et, sans conteste, tout ce qu’il y a de plus chic. Véritable valeur ajoutée, le groupe parisien joliment nommé Les Colettes distillera en première partie son folk léger et légèrement mystique qui n’est pas sans rappeler les premiers essais de Nina Kinert, et dont la gravité devrait se préciser sur scène. On ne s’en lasse pas. LGShannon Wright + Les Colettes
Lundi 9 mai à 20h30 au Ciel
