Soupe pop'

Désenchanté et déglingué, Baxter Dury est sans doute le plus attachant des popeux venus d'outre-manche. Si ce n'est le plus doué comme en témoigne sa dernière livraison, "Happy Soup", à déguster en concert. Stéphane Duchêne

Nul n'ignore ce que le terme "soupe" recouvre dès lors qu'il s'agit de pop music. Pour peu qu'on lui accole l'adjectif "joyeuse", on s'imagine immédiatement tomber sur une intégrale de la Bande à Basile ou, pire, la bien nommée "Tournée entre nous" avec Emile & Images. Et puis il suffit qu'on aperçoive la petite tête d'oisillon en garde à vue de Baxter Dury sur la pochette de son album Happy Soup pour que notre perception s'en trouve bouleversée. En toute discrétion, Happy Soup s'est glissée entre les gouttes parmi les meilleurs albums de l'année. Comme d'ailleurs ses deux précédents, injustement boudés. Mais le talent du bonhomme, qui ne se laisse pas démonter, est intact. Ses obsessions aussi. Qu'il s'agisse de Lisa said ou de Francesca's Party sur le précédent Floor Show ou d'Isabel et Claire (deux des tubes dégingandés de cette joyeuse soupe 2011), il y a chez Baxter une propension à rouler sur la jante (féminine) en rauquant le prénom des filles. À les aimer bien balancées, sur des lignes de basse rondes comme des queues de pelle de fin de biture.

Cockluche

Car il y a une ivresse notoire dans la manière qu'a Baxter Dury d'agencer ses morceaux et de les rendre addictifs (le redoutable Cocaïne Man jadis, Leak at the Disco aujourd'hui). Sans doute n'est-il pas pour rien le fils d'Ian Dury, inventeur du slogan "Sex, Drugs & Rock 'n roll", à la démarche involontairement chaloupée par la polio et auteur du dingo Hit me with your rhythm stick. Comme si Baxter avait voulu frapper certains de ses morceaux de ce bâton rythmique pour conjurer sa fausse nonchalance de crooner cockney, quelque part entre Jarvis Cocker et Damon Albarn, le Gaisnbourg anglophile ou Mike Skinner. Sur Happy Soup, Dury, récemment aperçu à la Gaîté Lyrique pour animer l'anniversaire de la Vache qui rit (véridique, on ne se permettrait pas d'inventer une chose pareille, on a trop de respect pour la Vache qui rit, ça rend la soupe crémeuse), pousse le dandysme jusqu'à chanter le nez encombré, style "le cockney a la coqueluche", à défaut de l'être tout à fait, la coqueluche. En fait, cette Happy Soup est à l'oignon : un remède contre toutes les formes de gueule de bois, amoureuses ou alcoolisées. Et Baxter un chouette compagnon de dérive, au sens maritime du terme : un indestructible capitaine de soirée qui vous ramène chez vous bourré et en vie.

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