Transmusicales 1ère partie : Put your hands up in the air

Où l'on partage nos premières émotions rennaises, de découvertes en découvertes. François Cau (photos © Cholette)

Après une après-midi passée à enchaîner les interviews à un rythme spartiate en compagnie des très sympathiques camarades de Radio Campus Rennes, direction le Parc Expo – non sans avoir descendu un traditionnel verre de Chouchen. Pas le temps de se familiariser avec la géographie du spot, autant gorgé de warp zones qu’un niveau de Super Mario, les hostilités commencent avec le set de Breton.

 

Breton

Point de chauvinisme “à l’aise Breizh“ à l’horizon, le groupe est anglais et tient son patronyme du surréaliste André. À coups de rapides montées électro, leur son amorce des mutations rock furieuses, dark, mélancoliques, et dévoile des compositions addictives. Le public ne s’y trompe pas et accueille à chaque break un nombre de plus en plus conséquent de pèlerins séduits, malgré la kamikaze obstination du chanteur à rester dans un registre cold, légèrement en deçà des promesses auditives du groupe, malgré un dernier titre afro pop un rien bitchy, lorgnant ostensiblement du côté des surestimés Vampire Week-end.
 

Kakkmaddafakka

Dans la halle voisine, le concert des norvégiens de Kakkmaddafakka a déjà commencé depuis dix minutes, et on débarque au beau milieu d’un cabaret disco rock débraillé, avec duo de danseurs kitsch en option. Les cinq morceaux suivants retournent la salle, invitée à gueuler de toutes ses forces “Cock Motherfucker“ avant chaque reprise. Après ce moment de grâce, où des tubes putain à souhait ont été maltraité avec une fougue dévastatrice, quelque chose se brise lorsque le violoncelliste s’empare du micro et que le registre louvoie soudainement vers du Scissor Sisters en un tout petit peu plus testostéroné. Les gaillards, sortis d’un film scandinave de Larry Clark, s’amusent à brouiller les pistes et à partouzer les influences, nous la jouent house rock en répétant l’inévitable mantra des boîtes de nuit à travers le monde (« Put your hands up in the air, put your hands up in-the-air »), puis exécutent un autre tube sur un riddim reggae. Du grand, du spectaculaire, du superbe n’importe quoi.

 

 

Robin foster

Histoire de descendre un peu, on tâte des volutes de Robin Foster, en pleine crise de crooner maniéré quand on se joint à son public. Mais en fait, on n’a pas envie de redescendre. Donc on part sous la pluie à la recherche de la Green Room pour profiter du set de Nekochan, pour se rendre compte un quart d’heure plus tard que ladite Chambre Verte était juste derrière, à quelques mètres de la grande scène. Fucking warp zones. La prêtresse dubstep envoie dès les premières minutes des basses massives, sur lesquelles elle donne de sa voix si aérienne. Depuis notre précédente rencontre avec le Petit Chat (Nekochan en japonais) il y a un an et demi, un niveau a été indéniablement franchi dans l’exercice live, comme le prouve sa relecture acérée du très beau Wise. Robin Foster, comme titillé par sa voisine de halle, se lâche enfin et laisse exploser des déflagrations rock qui lui vont définitivement bien au teint.

Nekochan

À la suite du crooner, Colin Stetson arrive seul sur scène, doté de son massif saxophone ultra tuné. Le bonhomme a beau avoir bossé avec des pointures comme Arcade Fire, Tom Waits ou Bon Iver, il la joue humble et laisse sa musique assurer le show. Soit des circonvolutions hypnotiques, au gré desquelles l’intimidant interprète fait preuve d’une maîtrise hallucinante, d’un souffle littéralement épique et d’une virtuosité ludique, qui ne se la donne jamais artificiellement mais cherche toujours à s’aventurer dans des territoires musicalement vierges.

Colin Stetson 


La fatigue pointe le bout de son nez lors du set de Todd Terje, rouleau compresseur pour dancefloor en manque de basses. Quand l’enrobage électro se carapate pour laisser grande place à de la house pure et dure, c’est le signal qu’il faut lever le camp et garder des forces pour le lendemain.

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