Darc Soul(e)

Depuis qu'il a rencontré Dieu, Daniel Darc, version frenchy du born again sauvé des eaux (et de la vinasse), a considérablement accru la taille de son âme. L'ex-Taxi Girl qui offrait jadis son sang en première partie des Talking Heads au Palace a donc viré mystique. C'est d'ailleurs ce qui lui a permis ce retour si spectaculaire il y a quelques années avec le très beau Crève cœur, après une décennie de silence et d'emmerdes. La taille de mon âme, c'est le titre de la dernière saillie de Daniel Darc. Et si le disque ne démontre pas forcément que la taille de l'âme s'accroît aux dépens de celle de l'inspiration (ces voies-là sont bien plus impénétrables), il prouve simplement combien la présence de son ex-binôme Frédéric Lo sur Crève-Coeur et Amours Suprêmes avait joué un rôle non négligeable dans la valeur de l'ensemble. Ici Darc, comme lâché sans garde-fou, peine à être pris au sérieux (ce que lui-même ne fait pas, laissons-lui cela) et nous la joue Gainsbarre-tabac ou Keith Richard Hell (C'était mieux avant) au volant pas vraiment maîtrisé d'un album fourre-tout. Et donc si inégal – ce qui veut dire qu'il sait aussi se laisser écouter – qu'on en vient à se demander s'il n'est pas une métaphore du grand-huit grandeur nature qu'aura été l'existence de Daniel Darc – ainsi que ses concerts, on aime autant vous prévenir du côté tout ou rien de la chose. Mais Darc reste Darc, ce Narcisse viré Bossu de Notre-Dame de La Chanson Française suite à un mauvais deal de dope avec l'enfer, qui depuis cherche à se racheter. Oui, Darc reste, avec son complice de l'époque Mirwaïs, l'auteur de Cherchez le Garçon, de cet album absolu du rock français que fut Seppuku ou, en solo, du magistral Nijinski. Rien que pour cela il mérite le respect – et le repos – éternel. Stéphane Duchêne

Daniel Darc + Rachida Brakni
Vendredi 16 mars à 20h, à la Maison de la Musique (Meylan)