Qui es-tu, Les Femmes s'en Mêlent ?

Alors que la quinzième édition de l'événement désormais international est sur le point de faire son traditionnel détour grenoblois à la salle Le Ciel, on se penche sur l'histoire du festival. François Cau

1997. Jean-Luc Balma et Stéphane Amiel, tous deux membres de l'association Bandido, transcendent leur affection commune pour les interprètes féminines que leur connaissance du milieu indé leur fait incessamment croiser, et créent un événement qu'ils baptisent Les Femmes s'en Mêlent, programmé pour une soirée unique dans une salle parisienne, durant la Journée de la Femme. Ce lien avec le calendrier ne sera pas conservé, histoire de ne pas brouiller les pistes quant aux réelles velléités de la jeune manifestation : donner à entendre les plus belles découvertes des deux mélomanes, ouvrir les oreilles du public à des esthétiques auxquelles il n'est que trop rarement confronté, dans une juste balance entre des futures grandes, des bijoux méconnus et des coups de cœur personnels. Qui dit première édition dit budget serré, voire investissement perso. La programmation fait donc la part belle aux petites frenchy avec La Grande Sophie, Cornu ou Dit Terzi (premier groupe de Claire Diterzi). L'initiative remporte un joli succès, renfloue ses deux instigateurs et les confortent dans leur idée. L'édition suivante s'étale sur quatre jours et double sa prog', et s'ouvre un peu plus à l'Europe, avec une petite préférence pour l'Angleterre.

Ajustements

1999. Le nom du festival s'est inscrit dans les mémoires de son public et de tout l'adorable landernau parisien des musiques indé sur la foi de sa programmation pointue, exigeante, et au bon goût précurseur – pour ne pas dire prescripteur. La troisième édition voit grand, et tente (grande première en France) la délocalisation dans sept autres villes (Alençon, Nantes, Nancy, Lille, Colmar, Vendôme et Bruxelles) en même temps que l'habituel raout parisien. La sélection mise sur des artistes confidentielles, sans réelle tête d'affiche, et compte sur l'aura qualitative de l'événement pour remplir les salles. Un peu trop tôt : les recettes affichent grise mine et font momentanément boire le bouillon à l'équipe. 2001. Après un congé sabbatique forcé d'un an, Les Femmes s'en Mêlent reviennent avec un angle éditorial un poil arrondi – on y accueille aussi bien Natalia M. King que Brigitte Fontaine ou Kim Gordon de Sonic Youth, en les constellant de découvertes toujours précieuses.

Ciel troublé

2002. Le significatif redressement de la cuvée précédente est encore affinée : aux côtés de valeurs sûres à même de faire fantasmer la sphère indé (Chicks on Speed, Cat Power, ou un dj set de Muriel Moreno de Niagara), Les Femmes s'en Mêlent tombent amoureux d'artistes dont elles suivront l'évolution de près – Scout Niblett, Shannon Wright, Robots in Disguise... Et arrivent à Grenoble, dans le cocon douillet de la salle Le Ciel. Son directeur Laurent Simon, mélomane féministe devant l'éternel, ne pouvait manquer tel enchevêtrement éditorial. En accord avec le bateau mère, la version grenobloise de la manifestation sera synchrone avec la couleur musicale du lieu, et la qualité d'écoute, confinant à un statisme inquiétant pour qui n'y est pas habitué, de son public de fidèles pré-post-para-hipsters endurcis. On y croisera donc de nombreuses chanteuses aux univers intimistes marqués, à la tendre fragilité, au charme (artistique, of course) mutin et troublant. Sans oublier une bonne poudrée de pasionarias rock déchaînées, de futures stars en devenir (on y vit une Emilie Simon toute timide et perdue au milieu de ses chandeliers), et de très rares erreurs de casting. Quand l'affiche nationale des Femmes s'en Mêlent promet des têtes d'affiche comme The Go ! Team, M.I.A., Electrelane, Juliette & The Licks ou CSS, le Ciel opte pour des choix adapté à ses acquis.

Dum & Dumer

Avec quand même un significatif et apprécié craquage pour cette édition 2012, entièrement replié sur le Ciel contrairement aux deux crus précédents, qui se terminaient lors de finish orgiaques à la Bobine. Après une première soirée sous le signe du grand écart, avec le folk sublime de l'éthiopienne Mirel Wagner puis le rock adorablement débraillé de Comanechi, on pourra en effet se frotter aux Dum Dum Girls, un quatuor américain, entièrement féminin, qui avait osé reprendre le There is a light that never goes out des Smiths en 2011, et qui, non contentes, l'avait fait avec grand talent, confirmant tout le bien qu'on pensait de leur premier album I will be. Si leur seconde livraison a fâcheusement tempéré notre enthousiaste, on ne manquerait tout de même pas l'occasion. Et pour d'autres possibles belles découvertes, ne ratons pas non plus la berlinoise Dillon et ses incarnations vocales foutraques ou Beth Jeans Houghton et ses compos qui vous rentrent en tête sans crier gare.

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