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Monsieur Propre
Par Stéphane Duchêne
Publié Vendredi 19 octobre 2012 - 2699 lectures
Légende précoce de la basse jazz-funk, producteur et compositeur pour Miles Davis avant la trentaine et king du slapping infernal, Marcus Miller est également auteur d'une œuvre solo fouineuse et groovy. À l'image de son dernier disque "Renaissance". Stéphane Duchêne
D'aucuns auraient tendance à penser que le slapping, cette méthode consistant à frapper les cordes d'une basse, qui envahit un temps la variété et le soft-rock, souvent pour le pire – on en a même vu chez François Feldman période Joue pas –, est une technique quelque peu ringarde. Il suffit pour se défaire de cet a priori tenace de se plonger dans l'oeuvre de Marcus Miller, mètre-étalon de la base jazz-funk contemporaine. On s'apercevra au passage que les albums de bassiste peuvent aussi dépasser le simple cadre du culte de cet instrument rythmique, vaguement ornementé de quelques fioritures censées le mettre en valeur (trompette, saxo, piano, plus rarement appeau à canards).
Peut-être parce qu'il a touché à plusieurs disciplines (chez Aretha Franklin, Elton John, Jean-Michel Jarre, Claude Nougaro) et aussi à d'autres engins (la clarinette et la clarinette basse notamment), Miller, musicien de studio reconnu on l'aura compris, n'est pas de ces ayatollahs-là, et n'oublie pas de composer des morceaux sur lesquels la basse est certes partie prenante mais partie seulement. Sans doute parce qu'à la vingtaine, dans les années 80, le bassiste a beaucoup côtoyé, outre Luther Vandross, le maître Miles Davis, qui lui en a appris de belles.
Jekyll & Hyde
À 27 ans, il produit et compose en grande partie le mythique Tutu, album hommage de Miles à Desmond Tutu sorti en 1986, qui assiéra définitivement une réputation déjà solide. Pas du genre à se reposer sur ses lauriers cinq ans après le bien nommé Free, avec Renaissance, "Mr Clean" ne se contente pas de jouer avec gourmandise entre sa face "Jekyll jazz" et son pile "Hyde funk" (Jekyll & Hyde et son orgue psychédélique).
On se régale même, et lui le premier, de quelques embardées : lorsqu'il ouvre la porte au bluesman du bayou Dr John, fait rimer Gorée, la tristement célèbre île aux esclaves, avec Go-ray, rend un hommage aussi minimaliste que groovy au I'll be there de Michael Jackson, ou s'évade du côté d'un crossover bossa-salsa en compagnie de Gretchen Parlato et Ruben Blades. S'il n'y que dans les domaines du jazz et du funk, ici intimement liés, que le bassiste n'est pas le cinquième roue du carrosse, c'est sans doute à des types comme Marcus Miller qu'on le doit.
Marcus Miller, mercredi 24 octobre à 20h, au Grand Angle (Voiron)
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