À la Arlt

Dominique A + Arlt



ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

On avait découvert Arlt avec le bien nommé La Langue, où celle-ci – organe comme idiome – était travaillée à la laine de verre d'une drôle de chanson française, bancale et fantasque, râpeuse et joueuse, précieuse et dilettante. Cela donnait des titres comme La Rouille, Les Dents ou Après quoi nous avons ri, dont il était bien difficile de se défaire.

Feu la figure, la deuxième saillie du duo, pour l'occasion soutenu par The National (!), est à l'image de son prédécesseur et à vrai dire on n'en demandait ni n'en attendait pas davantage. On y trouve toujours ces guitares tordues et dissonantes, ces rythmiques cinoques au bord de la syncope et cette poétique de la terre (langue ?) brûlée. D'emblée l'hypnose opère avec Le Pistolet dans le chevauchement d'une poignée de phrases équivoques et de quelques vocalises de plaisir : « tu as la bouche pleine, tu as les dents froides, tu m'aimes bien ça se voit - Tu m'as pris pour un pistolet (…) des fois tu es dans la lune, je ne sais pas ».

Chez Arlt, le râle est permanent, car on aime différemment, surréalistement. On aime Sans (les) bras, on aime la chair, autant qu'on aime à l'os, ressassant des obsessions sur les parties du corps - décomposées, arrachées, humaines et animales – mais aussi l'eau, le pourrissement et la mort. Ethos et Thanatos jamais mieux entremêlés que sur Chien mort, mi amor. Entre amour branlant et mort inéluctable, chez Arlt, on vacille ou, comme ils le chantent sur Une sauterelle (dessinée par un fou) : « ça tremble et tout ce qui tremble est vrai ».

Stéphane Duchêne

Dominique A + Arlt, samedi 2 février à 20h30, à la Source (Fontaine)

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 6 octobre 2020 On s’en approche de plus en plus. En 1973, le film post-apocalyptique de Richard Fleischer apparaissait comme une dystopie du même acabit que La Planète (...)
Jeudi 1 décembre 2016 Depuis une quinzaine d’années, la compagnie Les Anges au plafond fait des merveilles avec ses marionnettes géantes. La preuve une nouvelle fois avec ce spectacle-puzzle centré sur la vie d’un écrivain  qui nous embarque dans une aventure folle...
Mardi 10 novembre 2015 Duo si singulier qu'il parvient à désosser la langue, qui est pourtant un muscle, Arlt invente dans la déconstruction une nouvelle chanson française dont la noblesse est dans la démarche, bancale et incertaine, réaliste et insensée. Stéphane Duchêne
Mercredi 16 septembre 2015 Il y aura du monde les prochains mois dans les différentes salles de l'agglo grenobloise, dont beaucoup de très bons musiciens. Comme Jay Jay Johanson, Kraftwerk, Christophe, The Jon Spencer Blues Explosion, Socalled...
Jeudi 5 mars 2015 Déroute intégrale pour Neill Blomkamp avec ce blockbuster bas du front, au scénario incohérent et à la direction artistique indigente, où il semble parodier son style cyberpunk avec l’inconséquence d’une production Luc Besson. Christophe Chabert
Mercredi 30 octobre 2013 Il le dit lui-même : c’est un « monstre » dont il va accoucher, et comme souvent dans ces cas-là, l’accouchement n’est pas facile ! L'écrivain (mais pas (...)
Vendredi 7 septembre 2012 Depuis le temps – 20 ans de carrière quand même ! – on aurait pu se lasser de Dominique A. De sa production métronomique, du fait qu'il ne cultive pas la (...)
Mercredi 30 mars 2011 Sauvagement bousculée par l’actualité, la première édition des Détours de Babel s’offre néanmoins à nous avec son lot de promesses artistiques mirobolantes. François Cau

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X