Un pavé dans le jazz

Guillaume Perret & The Electric Epic

La Bobine

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

« Un pavé de bœuf » : voilà comment le saxophoniste Guillaume Perret définit la matière brute de sa musique. Mais alors un pavé de bœuf qu'on aurait l'occasion de suivre à toutes les étapes de sa fabrication. Des râles horrifiques de la bête blessée jusqu'à sa mise en sauce, cela pourrait presque être un magnifique plaidoyer contre la maltraitance animale et pour le droit (des bêtes, hein) à la bestialité. Sans doute n'y a-t-il pas de hasard à ce que le dernier disque de Guillaume Perret s'intitule Open Me, tant il s'agit d'ouvrir en grand la boîte de Pandore d'une fureur indomptable, un animal libéré de sa cage, un diable sorti de sa boîte, un sax éléphantesque sorti de son étui.

 

On tremble beaucoup à l'écoute de ce très organique et tripal Open Me, sans doute autant que l'on vibre. Dans le grand cirque du jazz contemporain, Guillaume Perret se démarque en ne jouant pas les bêtes de foire virtuoses quand bien même il y aurait chez lui davantage l'envie d'atteindre à la monstration qu'à la démonstration : mais uniquement pour que ça déboîte quelque chose dans le cerveau de l'auditeur et surtout dans son estomac, là où se trouve les creux qui font le vertige et manifestent la peur au ventre. Ce sont des rythmes lourdement funk, des lames de jazz métal hurlant (le morceau Shoebox rappellera à quelques fans hardcore de Battlestar Galactica les embardées de métal orientalisant qui firent le sel de la reprise barrissante du All Along The Watchtower de Bob Dylan signée Bear McCreary comme thème-clé musical de la série), des collages sonores insensés qui font oublier jusqu'aux racines jazz de cette musique, ces métamorphoses d'un sax qui voulait être une guitare, des portes ouvertes outre-monde (Doors, Coma).

 

Plus légèrement aussi, on resongera à cette scène du film culte Napoleon Dynamite où l'infortuné adolescent manque de tomber de vélo quand Uncle Rico lui jette, en un geste magistral, un steak en plein visage. Le rapport : c'est un peu l'impression laissée par ce deuxième album de Guillaume Perret & the Electric Epic. Celle de s'être pris un bon gros quartier de viande en pleine tronche. Et d'en rester KO.

 

Stéphane Duchêne


Guillaume Perret & The Electric Epic, vendredi 7 novembre à 20h30, à la Bobine

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