Lundi 29 octobre 2012 A priori, comme ça, si vous n’êtes pas adepte de rites gothiques, de créatures de l’ombre, et d’automutilation à la lame de rasoir, aller voir un groupe de (...)
Sombre, tourmentée, inventive et magnifique, la musique du groupe Father Murphy est de loin l’une des plus envoûtantes que l’on ait découvertes ces dernières années. À l’occasion de leur concert au 102, rencontre avec les fers de lance de la scène psychédélique occulte italienne.
C’est en novembre 2012, lors de leur premier passage à Grenoble, qu’on avait découvert les sonorités lugubres et incandescentes de Father Murphy, formation italienne oscillant entre dark folk, ambient, post-punk, noise, indus, musiques expérimentales et psychédélisme occulte. Des termes énumérés ici un peu par défaut, tant il est difficile de circonscrire stylistiquement la musique jouée et composée par Freddie Murphy et Chiara Lee, qui prend avant tout la forme d’un véritable rituel cathartique centré sur les notions de souffrance, de culpabilité, de sacrifice, de transcendance et de rédemption.
Sur le papier, tout cela pourrait sembler un peu pesant, voire pompeux et grandiloquent. Pourtant, à l’écoute de leurs albums (Anyway, your children will deny it en 2012, ou l’encore inédit Croce, qui sortira à la mi-mars), et encore plus face à leurs hypnotisantes performances scéniques, toute trace de prétention disparaît instantanément pour laisser place à une indéniable sincérité. Et s’il ne fallait retenir, in fine, qu’une seule influence dans la musique du groupe, c’est sans doute son rapport tourmenté à la ferveur catholique, particulièrement prégnante dans le Nord rural de l’Italie dont il est issu…
Chemin de croix
« Nous avons grandi et été élevés dans cette culture religieuse » explique Freddie. « Mais d’une certaine façon, nous utilisons l’imagerie catholique pour décrire quelque chose que chacun d’entre nous peut traverser. Le propos du groupe est de donner naissance à des sonorités qui peuvent servir de bande-son, ou de voix intérieure, au parcours emprunté par un certain Father Murphy afin de plonger en profondeur au cœur de ses propres sentiments. À la recherche de quoi ? Une idée un peu tordue du Salut peut-être, l’acceptation d’un sens de la dévotion en contraste total avec celui, plus dogmatique, qu’il a appris et vénéré toute sa vie. En ce sens, nos concerts sont, même si cela peut paraître étrange, la représentation de quelque chose de très, très personnel ; une sorte de rituel cathartique où nous faisons ressortir ce que nous avons de pire, où nous vomissons du goudron noir pour nous sentir mieux ensuite, et peut-être même meilleurs. Nous avons besoin de quelque chose de réel, et nous le recherchons à travers la fiction que constituent nos concerts. » Au cœur des ténèbres, donc…
Father Murphy (+ Konsstrukt), vendredi 20 février à 20h30 au 102
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