Rouge Renarde : « Un projet indé fait dans ma chambre »

Powerdove + Rouge Renarde

Le Ciel

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Avant son concert au Ciel en première partie de Powerdove, rencontre avec Rouge Renarde, jeune artiste grenobloise à la musique mélancolique et aux sonorités obscures. Elle évoque avec nous ses influences, ses projets et sa passion pour la peinture. Propos recueillis par Nathan Chaudet

Depuis quand Margaux Salmi est-elle Rouge Renarde ?

Rouge Renarde : Depuis 2014. C’est un projet assez récent. J’ai commencé par jouer avec mon groupe HaiZi BeiZi quand j’avais 17-18 ans. J’habitais à Aurillac et je venais sur Grenoble pendant les vacances pour faire de la musique avec Marc [le deuxième membre du groupe – NDLR]. Et même avant ça, quand j’étais ado, je faisais du découpage de musique. Ça ne ressemblait pas vraiment à de la musique, c’était plus des textes chantés avec des sonorités trouvées un peu partout. Un truc que j’ai continué avec Rouge Renarde. Je rajoute souvent des bruits de fond captés avec mon portable sur mes musiques. Si mes chats miaulent pendant que j’enregistre par exemple, je ne vais pas les supprimer. J’aime les sons extérieurs qui participent à créer une ambiance.

Votre musique est donc brute, sans retouches ?

Oui, souvent. Il y a des morceaux que j’enregistre en une seule prise. Mais il y en a aussi d’autres qui ne sont pas du tout spontanés comme Sous les feuilles que j’ai beaucoup travaillé. Certaines chansons peuvent d’ailleurs paraître nature alors qu’en fait c’est très soigné.

Quels sont les thèmes qui vous inspirent ?

Mes textes sont assez imagés. Ce n’est jamais des histoires précises, je n’aime pas les choses illustrées frontalement, trop plaquées. C’est surtout des sensations. Par contre, il y a toujours un fil conducteur. J’adore parler des choses grinçantes avec de temps en temps des phrases assassines.

C’est donc le processus d’écriture qui vous attire ?

Oui, je n’ai jamais vraiment voulu être chanteuse. Ce n’est pas ce qui m’a attiré en premier même si, forcément, j’aime ça. Je m’éclate surtout quand j’écris mes textes et quand je crée des airs de guitare. J’écris presque tout le temps dans un carnet, sur tout et rien. Pas forcément pour les partager ou les utiliser. Il y a des choses exploitables et d’autres qui relèvent plus du journal intime que je garde pour moi.

Comment définiriez-vous votre musique ?

J’ai du mal avec les rubriques. C’est très difficile de classer ma musique selon un style puisque j’ai des morceaux folk et d’autres dont on ne sait pas trop quel genre c’est. Ce n’est pas réfléchi. Ce que je peux dire, c’est que c’est un projet indé fait dans ma chambre !

Quelles sont vos influences ?

J’écoute beaucoup CocoRosie, Syd Barrett ou Mirel Wagner. Des projets un peu hantés, avec un côté mystique et illuminé genre incantations chamaniques ! En ce qui concerne les paroles, j’aime bien Brigitte Fontaine, Areski ou Noir Désir.

Votre nom de scène vient d’un cauchemar que vous aviez fait petite dans lequel un renard mangeait une poule ; et vos chansons sont assez sombres. Faut-il être tourmenté pour être un bon artiste ?!

C’est vrai que je suis plus attirée par les musiques sombres, plus calmes. Les chansons qui font danser par exemple ça ne me branche pas trop, même quand je vais bien. Mais je ne pense pas qu’il faille être triste et souffrir pour écrire de bonnes choses, c’est complètement faux. Tu peux écrire des chansons très glauques en étant très heureuse.

Vous peignez aussi beaucoup, ces deux passions se nourrissent-t-elles ?

Oui, indirectement. Quand j’ai une mélodie en tête mais que je n’ai pas le texte qui colle, il m’arrive de dessiner pour trouver l’inspiration. J’écoute de la musique quand je peins et je dessine quand j’écris.

Il y a un travail sur le corps important, un côté presque sexuel dans vos peintures et certains de vos textes. Pourquoi ?

C’est vrai que je dessine depuis longtemps des femmes nues mais je n’y pense pas du tout. C’est juste que je préfère peindre des personnages, des corps que je peux tordre plutôt que des paysages. C’est assez sexuel effectivement. Dans le clip de Comme si c'était comme ça d’HaiZi BeiZi, qui est en fait une succession d’images, je le fais car c’est une chanson violente qui parle de sexe en l’occurrence. Mais je ne parle pas toujours de ça (rire).

Et s’il fallait choisir entre les deux : la peinture ou la musique?

Je ne veux pas choisir. Les gens pensent qu’il faut se spécialiser dans un domaine pour être "professionnel ", je ne suis pas d’accord. Si je fais les deux c’est parce que je me lasse vite et que j’ai besoin de faire des choses différentes. Je fonctionne par période. Je peux passer un mois sans écrire pour me consacrer à la peinture et vice versa. C’est selon mes envies.

Parlez-nous de votre groupe HaiZi BeiZi. Qu’est ce qui change par rapport au travail en solitaire ?

Sur scène c’est quand même moins angoissant. Même si nous ne sommes que deux, c’est plus bonne enfant : on s’amuse beaucoup. Sinon, avec Marc, on cherche toujours à diversifier nos méthodes de travail. On a par exemple essayé d’écrire en correspondance alors qu’on habite à côté. C’était comme un ping pong, on s’envoyait des mails avec nos idées de textes. On se sent plus libre quand personne n’est à côté en train de t’influencer ou de regarder ce que tu écris.

Vous avez des projets qui arrivent ?

Je travail sur de nouveaux clips et sur un album. Mais il ne sera disponible que sur internet, ca reste trop cher de sortir un CD.

Êtes-vous prête pour votre concert au Ciel ?

Ce sera mon premier concert en solo et j’ai un peu peur. Je ne suis pas une "show woman", je suis plutôt introvertie. Par contre, j’ai préparé des chansons que je chanterai pour la première fois. Je les enregistrerai ensuite pour l’album justement.

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