Betty et Teki Latex : « Liberté, spontanéité et énergie »

Les Mercredis Pimentés - Narco Polo invite Teki Latex & Martel Ferdan

Le Canberra

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Auteurs de DJ-sets épiques et passionnants, Betty et Teki Latex défendent une vision panoramique de la club-culture, largement ouverte aux micro-scènes musicales des quatre coins du monde. De passage à Grenoble à quelques jours d’intervalle, ils reviennent avec nous sur leur conception un peu à part des musiques dansantes.

Vous défendez dans vos DJ-sets des scènes musicales peu connues du grand-public, souvent issues d’un environnement géographique et socio-culturel très spécifique. Ça ne doit pas être pas le plus facile à promouvoir…

Betty : Oui, je pense qu’il y a parfois beaucoup d’informations dans mes sets ! Écouter du UK funky, de la ballroom, du grime, du baile funk, de l’afro trap et Drexciya dans un même set de deux heures, c’est probablement plus déroutant que de danser sur un set 100% techno. Je ne dis pas que c’est mieux ou moins bien, c’est juste ma vision du club. Je trouve davantage de liberté, de spontanéité et d’énergie dans ces mouvements.

Teki Latex : Déjà tu mets le doigt sur un truc qui est certain : je n'arrive pas à décrire ce que je joue aux gens qui ne font pas partie de ma scène. Si je dis "grime" ça n'est pas exactement vrai, si je dis "expérimental" je passe pour un DJ qui n'est pas là pour faire danser les gens, alors que ça reste ma motivation première. Depuis peu j'ai accepté le fait de me situer entre les scènes, ça me rend moins "lisible" pour les gens mais à force d'insister sur ce côté-là, ça devient mon langage à moi. Mais je me sens encore souvent incompris lorsque je mélange les genres.

On débat beaucoup ces derniers temps de l’appropriation de codes culturels créés par des minorités par des personnes non issues de ces minorités. Entre perméabilité des cultures et exploitation, où situer la limite ?

Teki Latex : Je pense que le fait de se poser la question, c'est déjà un premier point positif. Le vrai problème, ce sont les gens pour qui c'est naturel et qui se sentent dans leur bon droit, et qui n'ont aucune idée du fait qu'ils sont en train de provoquer une situation embarrassante en se servant dans des cultures qui ne leur appartiennent pas.

Betty : Je me suis beaucoup posé ces questions lorsque Teki et moi avons intégré la Paris Ballroom Scene, en tant que DJs respectifs des House of Ninja et House of Mizrahi. J’ai fait part à ma mother Stephie Mizrahi et à Lasseindra Ninja, les pionnières du voguing en France, du fait que je ne me sentais pas légitime au sein de cette culture qui ne m’est pas adressée, mais faite pour les homosexuels de couleur.

Ce qui est ressorti de cette discussion, c’est que lorsque l’on est invité à participer à une culture, il faut se comporter comme un invité. La ballroom est un monde ouvert aux femmes, et même dans une certaine mesure aux hommes hétérosexuels, mais chacun doit savoir quelle est sa place au sein de la communauté. Il faut aussi savoir rendre à une communauté à laquelle tu prends. Je pense que cette règle s’applique dans pas mal de cas. C’est du savoir-vivre finalement.

Teki Latex : Tu peux te frotter à des styles de musique créés par des minorités sans en être issu, tant que tu es respectueux de ces styles, que tu sais d'où ils viennent, que tu rends hommage aux gens qui ont créé ces styles et que tu redonnes à cette communauté. Le tout c'est de ne pas systématiquement tout ramener à soi. Il faut que ce soit un échange, pas de l'exploitation qui ne va que dans un sens.

Est-ce seulement une question de démarche, ou la qualité musicale rentre t-elle aussi en jeu ?

Teki Latex : La qualité musicale découle généralement de ça, ça se ressent dans la musique quand quelqu'un ne prend que la couche superficielle d'un style pour le recréer sans en connaitre le background... Ça donne une coquille vide. Tu ne peux pas découvrir un style un jour et publier un mix dédié à ce style musical qui ne t'appartient pas le jour d'après, juste parce qu'internet t'a donné accès à tous les morceaux que tu veux. Le fait de prendre le temps, de laisser les choses se développer organiquement, c'est une approche plus saine.

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