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Arnaud Rebotini : « Ce César est un symbole de reconnaissance pour la musique électronique »
Par Aurélien Martinez
Publié Mardi 3 avril 2018 - 4124 lectures
Photo : Q Caffier
Une nuit techno avec François X
L'AmpéRage
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Soirée / « Si la musique de "120 battements par minute" a une profondeur, c’est qu’elle est la voix de ceux qui sont morts, qui ont perdu des proches, qui se sont battus et qu’on n’a pas voulu entendre. Je dédie ce prix à ces héros oubliés, d’hier et aujourd’hui. Act Up existe toujours et le sida n’est pas qu’un film. » Voilà ce qu’a déclaré, ému aux larmes, le musicien et compositeur de musique électronique Arnaud Rebotini lorsqu’il a reçu début mars le César de la meilleure musique originale pour le fameux film de Robin Campillo. On a profité de cette actu pour lui poser quelques questions avant sa venue à l’Ampérage dans le cadre d’une nuit techno très attendue.
Les organisateurs de la nuit techno à laquelle vous participez vous présentent comme un « poids lourd du mouvement électro », voire même comme un « vétéran »… Ces qualificatifs vous conviennent-ils ?!
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Arnaud Rebotini : Vu l’âge que j’ai [47 ans], je ne suis pas un débutant donc oui, on peut dire ça. Après, ce sont des qualificatifs de promoteurs et de journalistes, il faut donc les prendre comme tels…
Un vétéran qui connaît en ce moment une "nouvelle jeunesse" du fait de l’aventure folle que fut – et qu’est encore – le film 120 battements par minute, sorti en août 2017 et dont vous avez composé la bande originale…
Plus qu’une nouvelle jeunesse, c’est plutôt la continuité de mon travail avec Robin Campillo, puisqu’il s’agit du deuxième film que l’on a fait ensemble [le premier étant Eastern Boys, sorti en 2014 – NDLR]. Mais c’est vrai que, cette fois-ci, on a rencontré un succès important. J’ai même été récompensé d’un César ! Bon, c’était il y a tout juste un mois : pour l’instant, ma vie n’a pas changé…
Comment compose-t-on la musique de « la voix de ceux qui sont morts » comme vous l’avez déclaré sur la scène de la cérémonie des César ?
Ce n’est pas dans ce sens qu’il faut le prendre. Quand Robin m’a parlé du film, du scénario, de l’histoire, je me suis senti investi. J’ai tout de suite pensé à ces gens plus qu’à être leur voix. Mais après, oui, la musique l’est devenue. Surtout que j’ai connu cette époque-là, j’ai connu des gens qui sont morts du sida… Et j’ai aussi pensé à tous les producteurs qui ont créé cette musique à l’époque, en tentant de faire la musique la plus fidèle et la plus profonde possible.
Ce César, le voyez-vous comme une reconnaissance de votre travail sur la bande originale, ou a-t-il une portée plus large ?
C’est surtout la reconnaissance du succès du film. En général, tu as un César parce que le film a marché un minimum, a marqué les esprits et a une musique de qualité bien mise en avant par le réalisateur. Si tu fais la plus belle musique du monde sur un film qui fait trois entrées, tu n’as aucune chance d’avoir un César. Après, oui, beaucoup de gens ont estimé que c’était un symbole de reconnaissance pour la musique électronique, ce qui est vrai. Et une reconnaissance pour moi aussi, pour mes vingt bonnes années de carrière.
Vingt ans de carrières foisonnantes (avec de nombreux passages à Grenoble) qui font notamment la part belle aux synthés analogiques, ce qui tranche avec la dématérialisation actuelle à l’œuvre dans la techno…
Mon parcours a été dans les deux sens. J’ai commencé au début des années 1990 avec les machines parce qu'on n'avait pas le choix. Ensuite, l’informatique ayant pris de plus en plus d’importance dans la musique, j’ai suivi cette évolution technologique jusqu’à faire du quasiment tout digital. Et puis à un moment, je suis revenu en arrière en me disant que les sons étaient mieux, que les lives étaient plus libres avec les machines…
Vous ne serez pas en live mais en DJ-set à Grenoble. Comment définiriez-vous les sets que vous jouez ? Et quelle place accordez-vous à 120 battements par minute ?
Pour les sets que je joue, ça dépend de l’heure. Mais c’est un mélange de techno assez groovy, de house… Et, évidemment, en ce moment, je joue pas mal le remix de Bronski Beat qui est sur la BO, et quelques autres morceaux de la BO. Même si, bien sûr, il ne faut pas que je reste accroché à 120 battements toute ma vie !
Une nuit techno avec Arnaud Rebotini
À l’Ampérage vendredi 13 avril à 23h
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