Concert / De passage à Grenoble le temps d’un concert à Eve, la chanteuse Pongo recycle avec brio les rythmes échevelés du kuduro de son Angola natal dans un écrin pop et dansant assez irrésistible.
C’est sans doute l’un des micro-phénomènes les plus passionnants des dix dernières années. Fruit d’un intense brassage culturel entre les différentes diasporas africaines issues des anciennes colonies lusophones (Angola, Mozambique, Cap-Vert…), les banlieues de Lisbonne ont donné naissance depuis une douzaine d’années à une scène musicale d’une vitalité époustouflante, dont l’influence se fait aujourd’hui ressentir partout dans le monde. Une vague de fond souterraine qui s’est d’abord épanouie dans l’ombre par le biais des prolifiques artistes du label Principe Discos (DJ Maboku, DJ Marfox, DJ Nigga Fox, DJ Nervoso, Nidia Minaj…), mais qui s’ouvre aujourd’hui à un public plus large par le biais d’artistes live plus facilement accessibles comme Pongo.
Car si la jeune chanteuse puise allègrement dans les mêmes influences musicales que les artistes précités (kuduro, tarraxinha, kizomba, batida, funana, afro-house…) pour alimenter sa musique, elle l’inscrit dans un registre plus pop teinté de subtiles touches électro et dancehall, comme en témoigne son très réussi premier EP solo Baia.
De Luanda à Buraka
Composé de seulement cinq titres, dont déjà deux tubes en puissance (la complainte mélancolique Kuzola et la bombe dancefloor Tambulaya…), Baia séduit ainsi immédiatement par la finesse de ses arrangements et la voix ô combien envoûtante de son interprète – dont ce n'est pas le seul atout. Alors que de nombreux jeunes artistes tombent souvent dans l’écueil d’aseptiser à outrance leurs influences originelles pour mieux pénétrer les charts, Pongo leur reste au contraire d’une fidélité à toute épreuve et sa musique s’en ressent.
Il faut dire aussi qu’en dépit de son jeune âge, la jeune artiste n’est pas une novice. Grandie en Angola jusqu’à l’âge de huit ans avant de rejoindre son père à Lisbonne, elle a fait ses premiers pas en tant que danseuse au sein du groupe Denon Squad, puis a rejoint dès ses 16 ans le collectif Buraka Som Sistema, dont elle a cosigné en 2008 avec le fameux Kalemba (wegue wegue) l’un de leurs plus gros tubes. Dix années vont ensuite s’écouler avant qu’elle se sente suffisamment mûre pour se lancer dans une carrière solo, qui démarre sous les meilleurs auspices avec cet EP explosif taillé pour la scène.
Pongo + Al’Tarba & Senbeï + Thems
À Eve (campus) mardi 5 février à 20h
