Anne Sylvestre : juste une immense artiste

Quand il s’agit de dresser un panthéon de la chanson française, beaucoup de noms très connus nous viennent immédiatement en tête. Mais la plupart du temps, celui d’Anne Sylvestre n’arrive pas tout de suite, voire pas du tout, comme si l’histoire l’avait laissée de côté, ne retenant que le versant jeune public de sa carrière avec ses fameuses (et exigeantes) Fabulettes.

Pourtant, il n’y a qu’à écouter Les Gens qui doutent (1977), que l’on peut aisément classer dans la boîte des plus grandes chansons françaises, pour constater le talent d’Anne Sylvestre dans la composition de morceaux qui semblent d’une grande simplicité mais sont en réalité d’une réelle richesse. Et des morceaux qui, au fil des ans, ont subtilement épousé les aspects progressistes de la société (Non, tu n'as pas de nom en 1974 sur l’avortement ; La Faute à Ève en 1979 sur la condition des femmes ; ou encore la bien nommée Gay marions-nous en 2007), même si l’autrice-compositrice-interprète s’est toujours défendue d’être une artiste engagée – « Y en a qui voudraient que je chante / Des grands sujets, des grandes machines / Mais pour la chanson méritante / J’ai pas le souffle et pas l'entrain » clame-t-elle dans Chanson dégagée.

Alors qu’elle fête sur scène depuis 2017 ses 60 ans de carrière, et que de plus en plus de jeunes artistes se revendiquent d’elle aujourd’hui, il faut le dire et l’écrire encore et encore : Anne Sylvestre est tout simplement une immense artiste.

Anne Sylvestre
Au Diapason (Saint-Marcellin) samedi 25 mai à 21h
Dans le cadre du Festival Barbara