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Concerts et soirées : 16 moments à ne pas rater
Par La rédaction
Publié Mardi 14 janvier 2020 - 2901 lectures
Photo : DR / Benji Valsson / Philippe Levy / Timothée Chambovet / Julie Oona /
Panorama culturel 1er semestre 2020 / Ce semestre, dans l'agglo, il y en aura vraiment pour tous les goûts.
Birds on a wire
Lorsque Rosemary Standley et Dom La Nena ont conçu le projet Birds on a Wire, il n'était pas établi qu'il fut pérenne et plus abouti qu'un one shot. Mais la formule consistant à reprendre en duo violoncelle-voix d'immenses standards de la musique populaire piochés de par le monde et à travers les siècles, où se croisaient Dylan et Gilberto Gil, Pink Floyd et Cat Stevens, John Lennon et Purcell, a pris plus que de raison et charmé un large public de mélomanes plus ou moins avertis – nul besoin d'être un expert pour apprécier leurs variations. Au point que le duo a tourné sans fin ses six dernières années. Et revient en 2020 avec un nouvel album, Ramages. C'est à (re)découvrir avec délice.
À l'Ilyade – 24 janvier
DJ Marcelle
Difficile de trouver une artiste plus en marge des standards habituels du deejaying que la Hollandaise DJ Marcelle. Si son éclectisme vigoureux et sa collection de disques sans commune mesure (près de 20 000 vinyles !) pourraient l’approcher de l’école des crate-diggers, son goût pour les collages sonores aventureux, l’expérimentation et le mix sur trois platines l’apparentent néanmoins plus à une véritable performeuse. Mais c’est sans doute avant tout sa formidable ouverture musicale qui rend définitivement DJ Marcelle inclassable : dans ses mixes hors normes, field recording, avant-garde, techno, free jazz, hip-hop, folk, électronica, dub, musiques ethniques, post-punk et bass music s’entremêlent avec une telle virtuosité qu’elle semblerait presque couler de source.
À l'Ampérage – 24 janvier
Phillippe Katerine
On peut affirmer avec pas mal de certitude – et un peu de mauvaise foi assumée – que le Confessions livré par Katerine fin 2019 pour son très attendu retour est plus qu'une réussite : le meilleur album de l'année. On s'attendait à de la fantaisie de la part de celui qui en a fait profiter les plateaux de cinéma. Moins à un disque aussi profond derrière ce nez de clown dont il s'est affublé sur la pochette (une bite, disons les choses). Album au long cours saupoudré de duos savoureux, Confessions est une plongée dans la psyché d'un artiste en proie au délitement du monde et de notre société, émouvante, enthousiasmante, rassérénante autant que désespérée. Il nous tarde de découvrir cela en live (attention, c'est complet).
À La Belle Électrique – 1er février
Bertrand Belin
Avec Katerine, voilà sans doute l'autre grand album français de l'année. Sauf que Belin oeuvre lui dans un espace-temps très éloigné de celui du Vendéen, tout en cultivant comme lui une forme de superficialité par profondeur. Chez Belin, la fantaisie est moins clownesque, plus feutrée, à l'os. Car la chanson chez lui est affaire d'élagage et de quête d'une forme de minimalisme maniaque tout en aspirant à une certaine noblesse des lettres pas dépourvue d'humour glacé – Belin est aussi un grand drôle d'écrivain. Avec Persona, le Breton a sans doute atteint la forme la plus pure parce que la plus épurée de son oeuvre, sans remiser tout à fait par devers lui ce qui l'anime : un certain amour de la rock'n'roll attitude.
À la MC2 – 4 février
Acid Arab
Curieuse évolution que celle d’Acid Arab. L’origine du projet ? Deux DJs à l’imposante collection de disques, Guido Minisky et Hervé Carvalho, décident de mettre en relief les accointances entre les premiers disques de house et de techno venus de Chicago et de Détroit, et la riche constellation des musiques du Maghreb et du Moyen-Orient. Depuis ses débuts en 2013, le projet a néanmoins bien évolué, délaissant progressivement son caractère multiforme pour prendre la forme d’un véritable groupe en bonne et due forme avec l’adjonction du talentueux claviériste Kenzi Bourras. Et perdant au passage un peu de son originalité initiale au profit d’une efficacité redoutable sur scène. Un mal pour un bien, donc.
À la Belle Électrique – 21 février
Floating points
Pour tous ceux qui suivent de près ou de loin l’actualité de la musique électronique, le Britannique Sam Shepherd, alias Floating Points, fait sans conteste partie des artistes les plus acclamés à avoir émergé ces dix dernières années. Non pas que ses compositions soyeuses, atmosphériques et méticuleuses cherchent à brosser l’auditeur dans le sens du poil. Il en va de même pour ses DJ-sets hautement éclectiques, où s’entrecroisent deep house, ambient, techno, jazz, soul ou pop psychédélique. Mais à l’instar d’artistes comme Four Tet ou Caribou, avec lesquels il entretient une évidente proximité, son travail témoigne simplement d’un tel degré d’orfèvrerie qu’il se révèle quasi-impossible d’y résister.
À la Belle Électrique – 22 février
Tindersticks
Après un long hiatus pendant lequel son leader Stuart Staples a travaillé en solo et oeuvré à la BO du dernier film de Claire Denis, voici les Tindersticks de retour. Et avec eux cette drôle de conception de la pop vue comme une créature bancale, intimiste souvent, symphonique parfois, au croisement de la berceuse éthylique et du grand-oeuvre malade ; porté toujours par la voix effondrée de Staples. Fin 2019, le groupe anglais a produit le très beau No Treasure But Hope, enregistré dans la Creuse et aussitôt grimpé dans les étages des bilans de la presse spécialisée. Aussi précieuse soit-elle sur disque, c'est bien en live que se savoure l'ivresse de Tindersticks, plutôt rare dans l'exercice.
À la Belle Électrique – 10 mars
Tim Dup
On pourrait qualifier Tim Dup d’énième ersatz de chanteur à midinets et midinettes, mais ça serait passer à côté de tout ce qui fait le sel de ce jeune artiste de 25 ans qui connaît un véritable succès d’estime depuis quelques années et la sortie de ses premiers morceaux – TER Centre, Vers les ourses polaires, Moïra Gynt, Soleil noir… On a affaire à un véritable musicien (pianiste notamment) et un auteur qui manie le français avec délicatesse et précision, dans la plus pure tradition de ses aînés – Souchon par exemple. Qu'en restera-t-il ? pour paraphraser le titre de son deuxième album ? Une Mélancolie heureuse pour reprendre celui du premier, et surtout un talent à suivre de près dans le monde de la chanson française.
À La Source (Fontaine) – 20 mars
Asian Dub Foundation
Au milieu des années 90, la bass music retourne l'Angleterre aussi sûrement que la brit-pop mais d'une manière bien plus incisive. En tête, Asian Dub Foundation amène une sonorité orientale, raccord avec les origines pakistanaises de ses membres. En prime : une verve politique, empruntée au punk dans le fond comme dans la forme, qui entend pourfendre la propagande officielle quant à la réalité du racisme qui gangrène l'Angleterre. Ainsi Facts & Fictions en 1995, R.A.F.I. en 1997, sont des bombes jetées dans la mare pop : aux instrumentations de Pandit G et Dr Das répond le flow supersonique et enragé du très jeune Master D. Depuis, l'eau et le flow ont coulé sous les ponts, l'effectif quelque peu bougé, mais l'esprit agité demeure.
Aux Abattoirs (Bourgoin-Jallieu) – 27 mars
Cannibale + Moonrite
On ne va pas vous mentir : on était très curieux de découvrir Let me be your god, deuxième album du duo de garage rock psychédélique grenoblois Moonrite, sorti en novembre dernier. La déception est tout sauf au rendez-vous : l’alchimie entre l’orgue et la batterie fonctionne toujours à merveille, et les influences revendiquées par le groupe (le versant le plus sombre, occulte et mystique de la contre-culture des années 60) gagnent simultanément en ampleur, en variété et en sophistication. On a déjà hâte de voir ce que tout cela va donner sur scène, comme leur concert aux côtés de l’excellent quintette psyché/tropical/rock Cannibale, signé sur le label de référence Born Bad records, ne devrait pas manquer de nous en fournir l’occasion.
À la Source (Fontaine) – 27 mars
L'Épée
Vous avez aimé le dernier album des Limiñanas, Shadow People, où se bousculaient des invités comme Emmanuelle Seigner, Anton Newcombe, Mr Brianjonestown Massacre (à la production) et même Bertrand Belin, parfait en crooner psychédélique ? Nul doute que vous ne resterez pas insensible à l'Épée. Au départ, l'idée est simple : travailler ensemble sur le nouvel album d'Emmanuelle qui avait déjà oeuvré avec Ultra orange. Mais le travail est si fusionnel que le projet devient collectif et la petite bande un groupe officiel : l'actrice au chant, les Limiñanas au charbon rock'n'roll et Newcombe pour orchestrer tout ça, Belin passant une fois encore la tête. Le résultat est… tranchant !
À la Belle Électrique – 1er avril
Therapie Taxi
Leur pop délurée de sales gosses prône toute forme d'hédonisme, pourvu qu'il mène à des états proches d'un Ohio comateux. Si Therapie Taxi s'est posé en amateur de crudités, chez eux, c'est davantage le langage que l'on passe à la mandoline. La formule, conduite par l'über lascive Adé, a hissé le groupe au statut de serial remplisseur de salles et fait succomber des milennials qui, dans le miroir, se sont vus comme une énième génération perdue qui n'aurait pas de temps à perdre à autre chose que l'amour vache et ne se prendrait la tête qu'une fois celle-ci à l'envers. Battant le fer tant qu'il est chaudasse, le groupe n'a guère attendu pour livrer en fin d'année un Cadavre exquis qui poursuit cette redoutable formule pour une tournée une nouvelle fois susceptible de multiplier les sold-out.
Au Summum – 4 avril
Dionysos
Fin février, Dionysos opère son retour dans les bacs avec Surprisier. Est-ce parce que le groupe fête ses 25 ans ? Tandis que son oeuvre s'est éparpillée sur tous les terrains et tous les supports, on a l’impression qu’il est revenu aux sources, à ce rock si pop, si fantaisiste et si rentre-dedans qu'il est impossible de lui résister. Ma chose sonne comme de réjouissantes retrouvailles. Mais l'expérience aidant, c'est une version affinée de ce Dionysos d'antan qui arrive à nos oreilles : la frontalité frondeuse du rock se love volontiers dans d'immenses drapés de cordes. En attendant la sortie du disque, on peut savourer Paris brille-t-il ? et surtout Le Chêne. Et accessoirement réserver sa place pour en jouir en live.
À la Belle Électrique – 9 avril
Leopoldine HH
Ça ne saute pas ni yeux ni aux oreilles au premier abord mais Leopoldine HH est apparue sur les radars, à l'occasion d'un fameux télé-crochet. Son excentricité d'apparence d'obédience bavaroise (ah, cette couronne tressée !) et musicalement ovniesque n'avait pas manqué de la mettre, à défaut de victoire, sur le devant de la scène. Scène qu’elle n'a plus quittéedepuis, capitalisant sur cette petite notoriété excentrique sans succomber aux sirènes du grand capital musical. Ainsi a-t-elle creusé en toute indépendance un sillon artistique, entre concerts de travers, clips surréalistes et musique transgenre pour ne pas dire paranormale, au croisement de Brigitte Fontaine, Nina Hagen et Colette Magny. Sacré programme.
Au Grand Angle (Voiron) – 10 avril
Vald
« Les gens ne savent pas où j’en suis : est-ce que je suis vrai, est-ce que je me fous de leur gueule ? » Depuis cette interrogation livrée en 2017 au site OKLM pour la promo de son premier album Agartha, Vald a fait du chemin. Il s’est un peu détaché de son image de rappeur burlesque qui lui colle à la peau depuis ses débuts, en ayant sorti pas mal de morceaux "sérieux" ici et là – son Journal Perso 2 en septembre dernier en meilleur exemple. Et en ayant même lancé son propre label (Echelon Music) début 2020. La tournée qui accompagne la sortie de son assez sombre troisième album Ce monde est cruel passera par l’immense Summum (qu’il avait déjà occupé en 2018), preuve qu’il est vraiment pris en considération par le public.
Au Summum – 17 avril
Youn Sun Nah Trio
Faut-il encore présenter Youn Sun Nah, l'une des figures du jazz les plus demandées et les plus versatiles, capable de se frotter au classique ou de ravaler la façade de Metallica ? La voix de Youn Sun Nah est si plastique, si puissante et subtile à la fois qu'elle peut gambader sur tous les terrains comme qui rigole. Avec maestria et une rafraîchissante humilité. Sur son dernier album Immersion, Youn Sun Nah navigue comme à son habitude entre titres originaux particulièrement ouvragés et reprises-hommages : outre des versions renversantes d'Hallelujah, tarte à la crème cohenienne, qu'à force on ne sait plus par quel bout (re)prendre, d'Isn't it a pity ? de George Harrison et même du Sans toi de Michel Legrand.
À la MC2 – 13 mai
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