Kiddy is burning

Let's Dance #5

La Belle Électrique

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Soirée / Chanteur, DJ, producteur, icône de mode et figure emblématique de la scène ballroom parisienne, Kiddy Smile est avant tout un passionné de longue date de la house américaine de la fin des années 1980 et du début des années 1990 à laquelle il rend un vibrant hommage sur son premier album "One Trick Pony". Comme il sera l’invité,  samedi 11 mai,  de la soirée "Let’s Dance" à la Belle électrique, on a décidé de lui tailler le portrait.

21 juin 2018, sur le parvis de l’Élysée. Invité à mixer pour la Fête de la musique, Kiddy Smile arbore fièrement un T-shirt dont le slogan a valeur de manifeste : « fils d’immigrés, noir et pédé ». Si l’artiste au style flamboyant et au physique imposant (1m98), grandi dans une cité HLM des Yvelines, incarne de toute évidence une frange de la population française restée longtemps dans l’ombre, il serait pourtant injuste de réduire sa carrière à cette seule dimension symbolique. Musicien talentueux, engagé et charismatique, Kiddy Smile est avant tout un compétiteur féroce qui n’a pas ménagé ses efforts pour en arriver là où il est aujourd’hui.

C’est d’abord en tant que danseur hip-hop qu’il fait ses premières gammes au milieu des années 2000, quittant sa cité de Rambouillet pour prendre des cours de danse à Paris. Casté dans un clip de George Michael (An Easier Affair), il s’envole quelques jours à Londres, touche son premier cachet et entame dans les années qui suivent une carrière de danseur professionnel pour des artistes comme Yelle, Magic System, Tété ou Jenifer.

Une vilaine blessure à la cheville va néanmoins le contraindre à évoluer un temps vers le stylisme, où il est chargé de s’occuper du look de diverses personnalités. Un gagne-pain qui ne le passionne pas outre mesure, mais qui va lui permettre de se rapprocher de l’univers de la mode, et surtout de faire la connaissance de la chanteuse Beth Ditto de The Gossip à l’occasion d’un défilé de Jeremy Scott. Une rencontre qui va s’avérer déterminante pour la suite de sa carrière.

Mode et deejaying

Quelques mois plus tard, en avril 2010, la chanteuse l’invite ainsi à la rejoindre, tous frais payés, pour partager l’imposante scène du fameux festival californien de Coachella le temps d’une reprise d’un morceau de Grace Jones, l’une des icônes de son enfance. Kiddy Smile y fait la connaissance du fondateur du label Ed Banger Pedro Winter, qui le met en contact avec le label Because Music. Peu de temps après, il signe pour un album sur Modern Freaks, une subdivision du label sur laquelle on retrouve notamment M. Pokora ou Fatal Bazooka… Pas forcément la meilleure porte d’entrée dans la musique pour Kiddy Smile, qui ne se retrouve pas dans l’image que cherche à donner de lui le label.

Peu importe, l’artiste a d’autres cordes à son arc : il rend son contrat et s’insère progressivement dans le milieu de la nuit parisienne, où il commence à officier en tant que DJ et organisateur de soirée. L’occasion de nouer de nouvelles amitiés, qui s’avèreront cette fois plus porteuses. Avec Olivier Rousteing tout d’abord, directeur de création chez Balmain, qui l’embauche pour travailler sur l’identité sonore de la marque. Une tâche dont l’artiste, grand passionné de musique depuis l’enfance, s’acquitte à merveille, et qui va lui permettre de collaborer par la suite avec des marques comme Alexander Wang, Balenciaga, Lancôme ou Versace. Pour autant, c’est avant tout sa rencontre en 2012 avec Lasseindra Ninja et Steffie Mizrahi, deux grands noms de la scène ballroom parisienne, qui va véritablement tout changer.

Paris is burning

Née à New York dans les années 1960 au sein de la communauté homosexuelle et transgenre issue des quartiers défavorisés (et donc majoritairement composée de Noirs et de Latinos), la culture ballroom ou voguing, évoquée en 1990 dans le documentaire culte de Jennie Livingstone Paris is burning et remise sur le devant de la scène l'an passé grâce à la série Pose, rassemble différentes "familles" de substitution (les houses), dont les membres s’affrontent à tour de rôle au sein des "bals", une compétition féroce mais amicale à mi-chemin entre la battle de danse et le défilé de mode, subdivisée en d’innombrables catégories thématiques. Une véritable culture underground basée sur des codes (et un vocabulaire) extrêmement élaborés, qui tirent leur inspiration de l’univers du luxe, de la mode et de l’opulence auxquels tous les participants aspirent sans pour autant y avoir accès.

Kiddy Smile, qui ne possédait jusqu’alors de cette scène qu’une connaissance rudimentaire, va pleinement s’investir dans le mouvement. Et lui rendre un vibrant hommage en 2016 dans un clip autoproduit tourné en banlieue parisienne, Let A Bitch Know, qui va faire pour beaucoup l’effet d’un véritable électrochoc. La même année, il sort un premier EP, Enough of You, sur son propre label, Neverbeener Records, qui va attirer l’attention du fameux label anglais Defected. Ce dernier décide de sortir l’année suivante en single un autre morceau de l'EP, Teardrops In The Box, dont le clip va là encore faire beaucoup parler de lui. La carrière musicale de Kiddy Smile est définitivement lancée.

Sous les projecteurs

L’année 2018 va être celle de tous les accomplissements pour l’artiste. En mai, il sort un nouveau clip, Dickmatized, coproduit avec l'artiste de musique électronique Crookers. En juin, il se produit en DJ-set sur le perron de l’Élysée pour la Fête de la musique, entouré de danseurs de la communauté voguing. Un acte ouvertement militant qui va, sans surprise, recevoir l’opprobre de la frange la plus réactionnaire de la classe politique.

Fin août, sort enfin son premier album, One Trick Pony, qui décline ses influences musicales premières (house old-school de Détroit et Chicago, gospel, hip-hop…) dans un écrin toujours dansant mais également plus pop et plus personnel, agrémenté de nombreux refrains chantés. Cerise sur le gâteau, au mois de septembre, sort en salles le dernier film de Gaspard Noé, Climax, dans lequel il fait ses débuts d’acteur, là encore accompagnés de danseurs proéminents issus de la scène ballroom.

Toute l’année durant, les sollicitations médiatiques s’enchaînent, et l’artiste fait patiemment le tour des plateaux télé, revenant sur son parcours peu commun sans jamais oublier de donner de la visibilité à la scène voguing parisienne qui l’a vu s’épanouir. À ce stade, ne manque plus à son actif qu’une tournée de concerts, une tâche à laquelle Kiddy Smile s’attelle au printemps 2019 et qui le verra fouler, avec la flamboyance qui le caractérise, la scène de la Belle électrique le temps d’un show haut en couleur qu’on vous convie vivement à ne pas manquer.

Let’s Dance #5 avec Kiddy Smile (live), Love Reaction et Le Bateau Îvre
À la Belle électrique samedi 11 mai à 23h


Repères

2006 : Danseur dans le clip de George Michael An Easier Affair

2010 : Reprise du morceau de Grace Jones Pull Up To The Bumper aux côtés de The Gossip et de LCD Sound System lors du festival californien de Coachella

2012 : Rencontre avec Lasseindra Ninja et Steffie Mizrahi et débuts au sein de la scène ballroom parisienne

2016 : Sortie du clip Let A Bitch Know et de l’EP Enough Of You

2017 : Sortie du clip Teardrops In The Box et du single éponyme sur Defected

2018 : Sortie du single Dickmatized, de l’album One Trick Pony, et participation au film Climax de Gaspard Noé

2019 : Sortie du single Slap My Butt et tournée de concerts

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