De toutes les couleurs

Des chefs-d’œuvre de la peinture prennent vie devant nos yeux : la compagnie Transe Express présente à la MC2 son "Cabaret Chromatic", l’un des plus beaux spectacles de la saison. Rencontre avec Gilles Rhode, le concepteur de ce bijou esthétique et poétique. Propos recueillis par Aurélien Martinez

Avec votre compagnie, vous vous définissez comme « inventeurs d’imaginaire », en travaillant sur « la science du spectaculaire »…
Gilles Rhode : On est des amuseurs publics qui adorent emmener le public dans des aventures sensibles. Donc « inventeurs d’imaginaire » parce que notre idée n’est pas forcément de reproduire la réalité ou, comme dans le théâtre revendicatif, de faire des clins d’œil à la vie contemporaine ; bien au contraire. On essaie plutôt de plonger dans le domaine du rêve, d’inventer des formes plus lunaires, des sonorités, des musiques nouvelles… Bien sûr, on est obligé de s’inspirer de la tradition, mais on s’efforce de la mêler à l’imaginaire. Toutes les disciplines du spectacle vivant sont dans le coup, un petit peu comme cela se passait dans le théâtre antique grec. Je suis plasticien à l’origine, et Brigitte Burdin, qui codirige la compagnie avec moi, est chorégraphe.

La cérémonie d’ouverture des JO d’Albertville en 1992, l’inauguration du tunnel sous la Manche en 96… Vous avez beaucoup créé autour de gros évènements…
Et on continue ! On sera ainsi le lundi 2 février (la veille de notre venue à Grenoble) à Val-d’Isère pour la cérémonie d’ouverture des championnats du monde de ski. On a imaginé un spectacle qui va se dérouler sur les pistes avec des choses sur la neige et dans les airs

Mais avec le Cabaret Chromatic, vous quittez la rue en investissant un lieu moins exceptionnel…
C’est une nouveauté pour nous, un changement de format. Cela correspond à l’envie de concentrer les choses dans un univers circassien. On a voulu transformer la piste ronde d’un cirque en une palette de peintre, avec une vingtaine d’artistes (des techniciens, musiciens, circassiens, chanteurs…). Un petit peu comme dans un opéra, avec l’idée de transporter le public dans les univers créés par les différents peintres. On a pris comme référence une petite vingtaine de peintures, en général assez connues pour que les gens les aient dans les yeux.

C’était très important que ces tableaux soient connus de tous ?
Même s’il y en a qui le sont plus que d’autres, c’est cet aspect qui va permettre aux spectateurs d’un seul coup de ressentir l’émotion. J’évoque l’émotion, parce qu’on a essayé de ne pas être didactique. On ne présente pas les tableaux les uns après les autres, comme on tournerait les pages d’un livre d’images. La piste est aux mains des artistes, à un moment donné on découvre une situation (par exemple celle du Radeau de la Méduse), et la musique, qui devient assez dramatique, nous fait penser au naufrage. Mais à aucun moment on n’en parle, c’est juste une émotion qui doit transpirer de la mise en scène.

Il y a aussi un travail important autour de la couleur. Le show est ainsi orchestré par deux personnages, Newton et Goethe…
Ils sont en fait les clowns du spectacle, c’est eux qui passent d’un tableau à l’autre avec leurs délires, l’un voyant la couleur comme une émotion scientifique (pour Newton, la lumière c’est Dieu), et l’autre qui voit dans les couleurs le contraire, le reflet de l’âme de celui qui les regarde. Bien sûr, historiquement, ils ne se sont pas connus, mais Goethe a toujours fait des grands pamphlets pour dire que Newton était un abruti mystique. Et ces questions sur les couleurs, leurs forces, pas mal de peintres se les sont posées aussi.

Le cabaret fait aussi intervenir le public, ce qui rend le spectacle très vivant…
Il y a notamment un tableau de Renoir, Le Bal du moulin de la galette, où l’on fait un petit bal chromatique : on invite les gens à venir danser sur la piste du cirque. Au début du cabaret, les spectateurs sont aussi testés pour savoir quelle est la couleur qui leur correspond, les gradins étant orchestrés comme le cercle chromatique. Et il y a d’autres moments où le public compose le tableau. On a essayé de rendre ça très ludique.

CABARET CHROMATIC
Du mardi 3 au vendredi 6 février, à la MC2

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